• Vivement la retraite


    - Comment se fait-il que l'humanité courre ainsi à sa perte sans réagir que localement, individuellement, au mieux.
    - On est foutus.
    - Manifestement.
    - Personne, même dans les pays les plus riches, ne vivra jamais comme avant.
    - Sans doute quelques privilégiés, un temps. Une réalité qui ne semble pas encore affecter vraiment nos territoires. La politique hexagonale cela dit va dans le sens du désastre.
    - En privilégiant le modèle économique à l'origine des déséquilibres globaux, c'est certain. Mais c'est pas une raison pour ne pas aller manifester demain.
    - Economique, politique et moral. Mea culpa, je déteste crier, j'aime pas les slogans et je suis agoraphobe, mais il se peut que je fasse un effort pour le comptage.
    - Ça te prend souvent ?
    - Quoi ?
    - De penser au chaos mondial qui s'annonce.
    - Il ne s'annonce pas, il s'étend, accélère. Oui, sans doute j'y pense constamment.
    - Autant se tirer une balle.
    - Non, plutôt relire certains romans.
    - Tu n'es pas très aimable.
    - Ai-je prétendu le contraire.

    Il m'est devenu impossible de croiser le regard d'un enfant ou d'un adolescent sans éprouver un chagrin coupable. Impossible de me réjouir d'une naissance ou de la simple idée de donner vie qui rend baudruches les jeunes amants. Je ne veux qu'embrasser les fronts diaphanes de ceux que j'aime où dorment autant de ruses, de rêves et d'appétits que de tourmentes, protégés de la faim, des maladies et des bombes.

    Oui oui, j'ai bien conscience de l'extrême platitude d'un tel constat qui aurait pu s'apparenter à un "cultivons notre jardin" avant que n'ait été adoptée la loi sur les cultures gm dont on m'a appris aujourd'hui que des paysans russes (?) auraient abandonné les leurs après les avoir testées pour nous. (On pourra toujours objecter que la patrie du tsar, de Staline et de Poutine n'a aucune leçon à donner.) Qui pourrait aussi s'apparenter à un "chacun chez soi à s'occuper des siens, c'est déjà bien", voire à un "je travaille à m'aimer pour mieux aimer autrui ensuite, ça occupe déjà mes journées".

    La question qui se pose donc est la suivante : cette dichotomie extrême entre la réalité du monde tel qu'il s'éteint (car rassurons-nous, notre espèce en entraîne tant d'autres dans sa perte qu'on ne s'accusera pas d'égoïsme) et la légèreté charmante des saisons jolies, des marches du Festival, conjuguée à ces petits bonheurs quotidiens tels qu'un vol d'hirondelles - une vieille chanson ? -, un voisin serviable, une bonne bouteille et autres plaisirs terrestres ("on n'a qu'une vie et il nous a été donné d'en choyer la qualité") conduit-elle nécessairement à 1) Perdre tout sens de l'humour ? 2) Devenir gauchiste ? 3) Se vautrer dans la débâcle sexuelle ? 4) Réciter des mantras ? 5) Parler ? 6) Se taire ?

  • Commentaires

    1
    VB
    Mercredi 21 Mai 2008 à 21:56
    Je vote 4 en se 3
    sans 6!
    2
    correspondant
    Jeudi 22 Mai 2008 à 00:13
    Définitivement
    la débâcle! Limite débauche!
    3
    Jeudi 22 Mai 2008 à 21:11
    Le referendum
    c'est has been. Qui vous a demandé votre avis ? ;)
    4
    ryad
    Vendredi 23 Mai 2008 à 17:23
    Un très beau texte
    encore... Smack!
    5
    Vendredi 30 Mai 2008 à 10:24
    silence =
    mort.
    6
    Ramasse
    Samedi 31 Mai 2008 à 01:27
    Se taire.
    C très bien.
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