• Memento Mori

    Rappelons à toutes fins utiles que not'président a été élu à 53 % non des voix des Français inscrits ni de celles qui ont voté mais des bulletins de vote considérés viables, ce qui selon certains calculs correspond à un peu moins de 51 % des votants, que l'on me corrige si ma mémoire défaille.

    - Ce que je veux te dire, c'est que not'président n'est qu'un symptôme.
    - Un symptôme agissant !
    - Non. Un symptôme d'agitation. La quintessence géographiquement circonscrite d'un symptôme de confusion absolue.
    - Les Français sont quand même des veaux, De Gaulle y voyait clair.
    - Les mots d'esprits me fatiguent inutilement. Et cette forme de racisme nationalisant m'arrache un son qui grince.
    - Un symptôme de quoi ?
    - Un pur produit de l'époque, l'éloge du vide dépassé par l'absurde, une tragédie en action.
    - Explique-toi.
    - Plus tard, je n'ai pas le temps, peut-être.

    René s'est engouffré dans le métro sans se retourner tandis que le vent nous fouettait les mèches. Je rêvais d'une main qui s'étend comme un baume et une promesse d'ascension de pic enneigé sur celui qui mourra dans deux ou trois ans au plus sans possibilité de négocier un rab, sous le soleil de tes yeux de 85 voilés du dégoût de l'injustice. Tu étais pâle et belle sous ta frange rousse avec ton nez à la retroussette, on t'aurait bien peinte si on s'était appelées Manet avec une jolie petite nappe délicatement posée sur un brin de pelouse hypothétique avec l'odeur de l'herbe fraîchement coupée comme une violence vitale dans les narines. Le temps. Il faisait froid ce soir encore pendant qu'on fumait improbables en contemplant ces solitudes sur le trottoir. Tu as toujours ce regard de gosse émerveillé, ceci réconfortant cela. J'ignorais que tu vivais du côté du Gardon, j'aime Générargues en particulier. Strasbourg est une ville accueillante. Tu sais, avec les filles je n'ai le temps de rien, je ne fais rien, je ne vis rien, je tiens, je m'accroche. Pour le serrurier, je te rappelle. Ton visage est celui de celui que j'aime, je ne le répéterai plus ou bien. Ton professeur a entièrement raison pour ce qui concerne l'emploi du point-virgule. Il pratique l'art de vivre d'Aristote. Ce temps. Elle a l'air d'aller bien, elle écrit. Ce bracelet rouge est le premier qu'on m'offre depuis jamais, tu ne le sais pas. Tu es si bouleversante, je n'arrive pas à t'écrire. Vcheprochem, demain. Appelle dès que tu as une minute. Le mail fonctionne. J'arrête, je n'ai plus la possibilité d'y écrire comme je veux, je monte mon propre magazine ou tant pis. Je t'ai rapporté le ticket de la vendeuse qui appelle tout le monde chérie. Attends que je récupère une connexion et tu vas voir. Mes propos sont plus pragmatiques en trois points que les tiens. Le 21 ce serait parfait. Je t'aime, quoi, toi. Je t'ai parlé en allemand ? Après ce sera impossible, je monte le stand. Vous devriez vous abonner. Hop hop hop. On a des airs de provinciales, sans doute. Je t'appelle parce que je suis sur la lunette des chiottes avec la petite sur les bras, tout va trop vite sinon. J'ai perdu cette femme qui m'aimait, c'est dur de retrouver la perle, je ne sais pas si c'est possible. Quel temps. Si tu veux je passe t'aider entre midi et deux. C'est une politique nazi ! Mesure tes termes. Il doit être parti pour une de ces retraites dont il a le secret. Certains comptent leurs amis sur le doigt d'une main, moi c'est sur mes phalanges. Il est de ceux qui s'engagent et s'épuisent. Ça ne se produira pas. Pas le temps. Nous avions tous les deux cinq ans, j'ai réparé la chaîne de son vélo. Evidemment je préfère la moutarde au ketchup sucré. Tu ne m'aimes plus, habibi ? C'est si sérieux, détendu, intelligent, cultivé, équilibré, élégant, chiant. Je comprends bien l'histoire que tu me racontes. Si ça continue, je vais passer par le bon vieux courrier, je ne veux pas la déranger. J'ai oublié de te dire que que c'est beau, ce que tu fais sur tes petits carrés de tissu. René, notre temps est toujours trop court. L'avocat de mes glaouïes veut un chèque supplémentaire, eh oui. Je raconte toujours n'importe quoi et je ris sans raison, le vent me giffle je me sens idiote. Tes tableaux, tu sais de quelle solitude intime ils me parlent. Les vacances au Maroc, va et rêve tant que tu t'aveugles. A demain, alors. Je vais regarder, maintenant, je vis par procuration sauf le dimanche à partir de quinze heures. Embrasse-moi au lieu de dire des bêtises. Hors de question que tu rentres seule à pied dans la nuit froide. On signe samedi. Je les appelle de ta part, d'accord. Le futon tiendra le temps qu'il faut, je m'en balance. Ça y est j'ai rencontré un mec. Déjà ? Je ne suis pas bavard, tu sais. Je sais, AA. Plutôt dimanche ? Le 21 ce serait parfait. Si c'est possible. Demain, sans doute.

  • Commentaires

    1
    Jeudi 13 Mars 2008 à 10:18
    Ménon,t'as rien oublié,
    c'est moi qui ai oublié de te remercier pour tout ;o) Bisou!
    2
    M1
    Jeudi 13 Mars 2008 à 15:53
    Pff...
    Même pas une histoire de cul dans ce post?
    3
    JH
    Vendredi 14 Mars 2008 à 14:01
    je te lis depuis longtemps
    je t'aime
    4
    Vendredi 14 Mars 2008 à 18:00
    Désolée Majesty
    C'est que j'ai la tête dans le cou. @ JH : Ah bon, merci.
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