Eklablog Tous les blogs
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU

Publicité

Larmes de la restructuration


En partant tu m'embrasses, tu me souhaites de dormir quand même. Tes joues encore colorées des vacances, ces congés payés qui ont chronométré tes jours depuis environ dix ans, tu as quoi, tout juste la trentaine. Ton regard hébété, jamais tu n'aurais pu imaginer que ce serait un jour à toi que cette chose-là arriverait. Tu trembles un peu. C'est encore un écran de cinéma, un mauvais rêve. Demain tout va changer, tout sera au poste, en place.

Et moi je te réponds tout sourire eh bien, j'en ai vu d'autres. Peur de rien. Des bagages, des changements, des pertes, du manque d'argent. Pas pour autant que je te tiendrai le discours des déhairhaches sur la mobilité. Ce n'est pas de ça que j'ai peur.

Toi non, toi non et toi non plus vous ne savez pas. Cette vie, vous la viviez ainsi, ici. Cette vie que je n'ai jamais désirée, la tienne, la vôtre, me contemple, désarmée. Corps nu, innocent, fragile. De l'innocence à la bêtise, en moi la révolte et l'ennui, le chagrin le dispute au sarcasme. Comment, vous ne saviez pas. Comment, vous ne savez pas ! Les souvenirs m'encombrent. Ne demeure que ton visage, celui d'un condamné abasourdi par la sentence, précurseur qui s'ignore.

La violence qui t'étreint n'est pas de son fait à lui. Cette violence m'est soudainement pire, comme celle des rescapés. Je pars fumer comme si la cigarette allait faire œuvre. Sa fumée t'apaiser en silence.

Et l'inconnu à cet instant, avec son enthousiasme et ses questions.

Je ne peux pas écrire ce soir.

Tout fuit.
Publicité
Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article