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Israël forcément coupable, petit décryptage citoyen

L’auteur Alain-Jules publie jeudi 4 août sur Agoravox un article intitulé "Liban, l’insupportable attaque israélienne", consécutif aux échanges de tirs de la veille. Les poncifs de l’antisionisme radical y sont distillés au long d’une "condamnation" percluse de mots clés destinés à assurer son succès sur le Web.
Une rapide critique s’imposait, réalisée au clavier levé (et citoyennement proposé au site de journalisme citoyen).


Alain-Jules a le sens de l’introduction journalistique, et celui de l’analyse politique. Nonobstant celui de la formule : « 
justifier l’injustifiable », ça sonne bon ça, ça vous met tout de suite dans l’ambiance compassionnaliste et ça vous assène direct la condamnation bon teint, peu importe ce sur quoi elle repose, et qu’importent les faits.

Pour le zélateur (puisqu’il aime bien ce mot, ça classe tout de suite, genre j’ai fait l’IRIS et le tour du Web) Jules, il y a une « 
violation manifeste » de la résolution 1701. Dont je rappelle au passage qu’elle prévoyait un désarmement du Parti de Dieu ou Hezbollah, qui non seulement se l’est mise au fond de la poche, mais a continué à s’armer tant et plus, histoire de montrer à l’armée régulière du Liban et au gouvernement du pays que le chef, c’est lui

Môssieur Jules s’enflamme, enrage, vitupère, dénonce et accuse en quelques lignes pour immédiatement couper le sifflet à ses contradicteurs futurs en arguant par avance que, de toute façon, les « 
 cris d’orfraie  » (ça aussi, ça classe) qui plus est «  habituels  » (qu’est-ce qu’ils ont à contredire, les contradicteurs ? On ne les a pas sonnés !) - et depuis quand quiconque crie aux oreilles du Jules ? - ne seront, comme le dit si bien une intervenante férue de géopolitique moyen-orientale et traductrice à ses heures d’articles du Guardian dans l’un de ses valeureux et nobles commentaires sous ce fil, que prétextes, fantaisies et choses ridicules.
La Finul et le gouvernement libanais apprécieront certainement, qui ont tour à tour déclaré que l'armée libanaise a tiré sur les Israéliens alors même que ces derniers se trouvaient en Israël.

Non dénué de malice, le journaliste citoyen assène qu’Israël, ontologiquement coupable - comme tout homme, voire tout Juif « 
honnête et lucide  » (copyright l’un des vaillants commentateurs justes et de gauche scindant les Juifs en deux files selon leur taux d’honorabilité à ses yeux) en convient - aurait intérêt à déstabiliser un Liban où règnent l’amour et la paix et où, si Rafic Hariri a été assassiné, si la pression du Parti de Dieu contraint le gouvernement à faire des pirouettes pour tenter de conserver un semblant de dignité et de pouvoir, l’enquête sur cet assassinat met en cause précisément le Hezb.
Grand admirateur d’Ahmadinejad et Khadafi (voir son œuvre complète et prolixe), l’auteur qualifie d’historique la récente visite du président syrien en se gardant bien de mentionner que la Syrie serait directement impliquée, puisqu’elle arme et finance le Parti de Dieu, dans l’assassinat, ce pourquoi peut-être, gênée aux entournures, elle opère quelques tractations de bon aloi histoire de faire enterrer l’enquête.
La réconciliation supposée par le grand analyste n’est que la suite de la mainmise de la Syrie sur son voisin, via le Hezb à dédouanner, donc.

« 
Saper la paix », dit-il. C’est sans doute pour saper la paix que le Sud Liban, sous contrôle du Hezb, a vu des villageois agresser la Finul, envoyée là par l’ONU précisément pour maintenir le statu quo à la frontière ?

L’auteur glisse fréquemment d’une proposition à une autre sans aucune logique discursive. Ainsi, dans ce premier paragraphe, l’on apprend qu’Israël « 
vit grâce aux tensions ». Formidable information basée sur ses convictions antisonistes, car quiconque étudie l’histoire sait pertinnement qu’Israël subit l’agressivité soit des nationalistes arabes soit des islamistes (soit des nationalistes islamistes) tandis que son intérêt d’Etat démocratique se tourne plutôt logiquement vers sa population, ce pourquoi il a intégré l’OCDE et maintient une économie florissante et en développement constant. Or les guerres, monsieur Jules, non seulement amputent les nations de leurs hommes mais coûtent cher...

Les guerres, môssieur l’auteur, prônées par les boutefeux du coin servent précisément à faire oublier à leurs peuples à quel point les dirigeants autocrates les méprisent et à quel point ils craignent un éveil démocratique dans leurs contrées. Mais bon, quand on glorifie le Guide de la révolution, je comprends qu’on se moque de ce type de considération.
A propos, toujours pas de 3e intifada à l’horizon, pourquoi ? Ben pour la même raison : le boom économique dans les Territoires. Même les Palestiniens, môssieur Jules, n’en veulent pas de vos guerres quand ils peuvent vivre correctement. Mince alors, mais où sont les révolutionnaires d’antan ?
Ne vous en faites pas, les fous d’Allah existent encore. La preuve, ils en appellent tous les jours au jihad contre Israël.


Un peu comme vous, non ?

On passe ensuite à cette grotesque histoire de rideaux. Just incredible. Depuis quand les frontières ne sont-elles pas surveillées là où elles existent ? Et hop, l’auteur glisse une nouvelle fois, assénant sans façon qu’Israël « a tous les droits ». Formulation parfaite pour réveiller toutes les frustrations, on le constate dans les coms !

« Mais où vit-on », ma brave dame, demande-t-il ? Il est vrai que lorsqu’on se préoccupe de fenêtres, de vitres et de rideaux, l’analyse géostratégique peut très rapidement ressembler à du M’dame Michu dans le texte.

 

La tension dramatique monte d’un cran au paragraphe suivant car, sans que l’on sache de quoi ça cause, le ça, « c’est de plus en plus insupportable ». Et hop, troisième glisse, façon lessive deux-en-un : la («  fameuse  » - on n’est pourtant pas chez Gala, si ?) communauté internationale aurait pour habitude de ne pas condamner (et de un) l’agresseur (et de deux).

Laissons aux pros de Google le soin de lister les condamnations de ladite communauté à l’encontre d’Israël, dont l’une des pires fut d’accuser l’Etat hébreu de racisme dans les 70’s avant de biffer cette mention voici quelques années. La dernière «  condamnation  » (qu’est-ce qu’on aime condamner ici ! C’est citoyen !) internationale et unanime a pourtant fait des vagues, si je puis dire, suite à l’affaire du Marmara, mais bon, étant donné qu’il a été démontré que ces charmants pacifistes sont des jihadistes organisés et étant donné qu’Israël va collaborer à l’enquête, on occulte !

Normal, me direz-vous, quand on prend l’habitude de laisser dire sous ses fils que les Juifs, ils emmerdent la terre entière passque ils ont tous les droits et que en plus on a le droit de le dire passque les vrais bons Juifs ils s’excusent du dérangement causé pendant la Shoah...

Cette tension opérée au début du paragraphe, mais dont finalement tous les ingrédients se recoupent et s’entretissent en écho grâce à l’emploi de formules choc (on n’est pas chez Match pourtant, si ?) trouve enfin à se poser sur l’énonciation de ces faits criminels (on déduit que les faits sont criminels des assertions précédentes sur la condamnation) : la violation, le viol ! Eh oui, dans la zone tampon entre Israël et le Liban, pour l’auteur élaguer un arbre comme cela se pratique régulièrement en cet endroit depuis 2006, c’est ni plus ni moins violer le Liban.

Mazette !
Et après ça, l’ôteur jubile sans entraves à affirmer que le délire belliqueux, c’est l’Israélien qui le chante !

Ainsi qu’il le constate lui-même, cette histoire de rideaux et de viol à l’élaguage, « c’est du jamais vu dans l’histoire des relations internationales ». Ca, pour sûr, les analyses de l’auteur c’est du total new : il croit que pour élaguer, on déracine...

Mais qu’est-ce qu’ils sont sournois, ces Israéliens, regardez-moi ça au paragraphe suivant : « comme par hasard », hein, voyez c’que j’veux dire, hein, on les connaît ! Un p’tit tir de sommation, un officier tué, trois fois rien et tac ! Les formules magiques opèrent la quatrième glisse : «  violence  », «  disproportion  ».

Ah, disproportion quand tu nous tiens ! Normalement, dans un affrontement citoyen, quand l’officier israélien a été tué il fallait tirer un futur mort à la courte paille côté libanais et on n’en parlait plus, c’était équitable ! Les états-majors devraient embaucher les journalistes citoyens, je vous le dis moi, parce que pour faire les comptes ils sont aussi doués que pour les régler.

La recette de cuisine se terminera par la personnalisation de l’Etat d’Israël, autrement dit des Israéliens, et un petit détour par une intense et brillante leçon de psychologie. Où l’on apprend que si l’on est plusieurs fois victime d’agressions, ben c’est qu’à la vérité on est coupable. Tenez-vous-le pour dit.

Et quand l’avocat général qui a dévoilé les odieux desseins du coupable agressé à répétition et considéré comme la victime se qualifie lui-même de victime, alors que nul ne l’a (encore) nommément « accusé d’antisémitisme » (nul besoin, la cause est entendue) et « de haine », ça ressemble à s’y méprendre à un syndrome de Stockholm entre siamois monocéphales hermaphrodites.

Je laisse tomber le «  dessein  » que l’auteur aurait voulu faire, suis pas bégueule et n’aime pas perdre mon temps à relever les fautes de français, mais comme c’est drôle ! On apprend quand même ici que l’espace aérien libanais se serait déplacé à Gaza : ça c’est du scoop !

Enfin, il est content l’auteur, dans le paragraphe final la glisse c’est l’équation « Hezbollah = peuple libanais ». Un peu comme en Iran le régime des mollahs.

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