• Grand jour que ce jour qui aura vu la République, par un arrêt du Conseil d'Etat et au nom du principe d'égalité entre hommes et femmes qui est l'un des siens, reconnaître la burqa pour ce qu'elle est : la manifestation d'une oppression exercée à l'encontre des femmes et véhiculée par l'islam politique, et non un simple symbole de foi.

    Une manière de renouveler ce beau geste d'amour qu'Habib Bourguiba avait eu le 13 aout 1966 à Tunis en dévoilant doucement une femme avant de l'embrasser fraternellement, signifiant sans qu'un seul mot soit nécessaire qu'aucune raison en dignité ne saurait jamais ni nulle part exiger des femmes qu'elles fassent acte de contrition en niant leur corps et leur liberté de mouvement, que ce soit devant Allah ou devant des hommes censés n'être que des brutes face à leur corps et ses courbes célestes et démoniaques. Des brutes fondées à les violer, les assassiner si elles dérogent à la règle.

    Geste de reconnaissance, geste de libération, réaffirmation de principe. Un grand courage, d'autant plus grand que les pressions islamiques sur les droits de l'homme se précisent dangereusement en ce moment même à l'ONU.

    Il reste à espérer qu'un recours dont j'ignore s'il est possible à la Commission européenne des droits de l'homme ne donne gain de cause à la plaignante et que ce bras d'honneur magnifique de la République une, laïque et indivisible au fondamentalisme religieux ne devienne par le fait le dernier soubresaut d'idéaux massacrés au nom de la tolérance.

    Aux compatissants qui voudraient s'élever contre cette décision je répondrai rapidement qu'ils semblent en ignorer tout à la fois l'enjeu et le sens. Et je leur poserai cette question :

    Seules les princesses saoudiennes ou qatari auraient-elles le droit, posant le pied sur le sol de France, de troquer leur abaya contre un jean ou un tailleur ?


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  • La conférence internationale contre le racisme qui s'est tenue à Durban en 2001 a vu se développer un certain nombre d'idées qui fleurissent dans les forums et dont une amie m'a judicieusement fait remarquer qu'il est étonnant de ne pas vraiment en lire un décryptage dans la presse. Parmi celles-ci, la dénégation de la Shoah comme tout à la fois particulière et universelle, la relativisation du négationnisme, le refus de considérer les Juifs comme un peuple, la redéfinition de l'antisémitisme, l'assimilation du sionisme au nazisme.

    Y circulaient Mein Kampf, le Protocole des Sages de Sion, des caricatures dignes des années 30 et ce tract :

    "Qu'est-ce qui se serait passé si j'avais gagné ?
    Les bonnes choses
    Il n'y aurait pas d'Israël et pas de bain de sang palestinien. A vous de deviner le reste.
    Les mauvaises choses
    Je n'aurais pas autorisé la fabrication de la nouvelle Coccinelle. A vous de deviner le reste."

    Deux mille personnes y auraient, dans un grand élan altermondialiste et droitdelhommiste, clamé "Mort aux juifs" après un discours vibrant de Fidel Castro.

    La prochaine conférence internationale contre le racisme, faut-il le rappeler, dite Durban 2, s'annoncerait, selon quelques sources, sous les mêmes funestes auspices.

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  • Cette photographie d'Albert Einstein qui a fait le tour du monde, notamment reproduite dans les années soixante-dix sur des affiches antimilitaristes, aurait été prise lors de son soixante-douzième anniversaire lorsque, exaspéré par l'insistance du photographe à lui demander de sourire, il aurait finalement préféré lui signifier par l'exhibition de la papille à quel point tout ça le concernait.
    Je me fais une joie voire un orgasme de la réutiliser ce soir bien que je n'aie ni l'intelligence ni l'âge vénérable du défunt physicien pour dire en quelques lignes à quel point il est urgent de signer une pétition, ça faisait longtemps, sur le site de la LICRA (Ligue internationale contre le racisme).
    Comme vous l'ignorez peut-être, je déteste les pétitions et si selon certains il est déjà trop tard, si Sparte a déjà piétiné Athènes, si l'obscurantisme tout à la fois religieux et politique a déjà relégué l'histoire, la République, la démocratie et la laïcité au rang d'une virgule infinitésimale dans le cycle abscons de la présence humaine sur terre, si les préceptes archaïques ont définitivement fait abdiquer l'esprit des Lumières, tant décrié par tout ce que la France exsangue et l'Europe affolée comptent d'intégristes croyants en lutte contre un intégrisme athéiste largement fantasmé, quels qu'en soient les torts, s'il est donc déjà trop tard et si cette invention merveilleuse d'un vivre-ensemble qu'est la laïcité agonise et nous avec elle, puisque nous n'avons aucune arme pour la pleurer, signons.
    Dans moins d'une année doit se tenir à Genève une deuxième conférence mondiale contre le racisme à l'initiative de l'ONU où « une "triple alliance" composée de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI) représentée jusqu'à ce jour par le Pakistan, du Mouvement des Non Alignés où Cuba, le Venezuela et l'Iran ont un rôle central, et de la Chine - avec la complaisance cynique de la Russie – œuvre ainsi à la mise en place d'une véritable révolution prétendument multiculturelle. Ainsi, le Rapporteur spécial de l'ONU sur les formes contemporaines de racisme Doudou Diène déclare d'ores et déjà qu'énoncer une critique contre le port de la Burqa constitue une agression raciste, que la laïcité est ancrée dans une culture esclavagiste et colonialiste et que la loi française contre le port des signes religieux à l'école participe du racisme antimusulman, renommé islamophobie occidentale. La confusion des esprits est à son comble quand est dénoncée comme une attitude raciste toute critique de la religion. C'est une menace radicale contre la liberté de penser qui est en train d'être cautionnée par l'ONU. En assimilant au racisme toute critique des dérives de ceux qui parlent au nom de l'islam, parce que supposée relever d'attitudes néo-colonialistes, les porte-paroles de cette nouvelle alliance serrent un peu plus le garrot qu'ils ont passé au cou de leurs propres peuples et sapent les fondements d'une civilité très chèrement acquise en Europe depuis les guerres de religion."
    Avant de devoir porter le deuil de la liberté d'expression, de l'irrévérence, de l'humour noir et de la fanfaronnade, chers frères, chers sœurs, une fois encore, une dernière fois

    Blasphémons !
     


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  • © Jean-Baptiste Modino - Libération/Next - 9 juin 2008

    Eh bien voilà, c'est fait, tout est mal qui finit bien : l'annulation du mariage de Lille est dorénavant et jusqu'à nouvel ordre (le 22 septembre) sans effet, l'exécution provisoire du jugement ayant été suspendue suite aux cris d'orfraie des gardiens d'une laïcité dont je me désolidarise sur le sujet, comme je l'avais déjà fait à propos de l'affaire Truchelut.

    La mariée qui avait souffert d'une déception cruelle et l'époux dont le sens archaïque de l'honneur aurait été bafoué par elle - tandis qu'il n'a jamais évoqué qu'une perte de confiance - sont de nouveau appelés à, juridiquement, convoler en injustes noces que l'on pourrait peut-être qualifier de noces de cendres en ce jour funeste qui succède aux remuements intempestifs d'une opinion publique mieux à même de décider pour eux du Bien de ces deux êtres manifestement pas faits l'un pour l'autre. Pour les noces de coton, on repassera éventuellement plus tard lors d'une procédure de divorce. Sous quel motif, je n'en sais rien. Mais le doigt sur le bon pli, l'honneur des Menteuses est en joue.

    Si n'était le drame personnel vécu par cette jeune femme, j'en rirais à gorge déployée. On dirait une bonne blague.
    Et je continuerais à en rire si la dépêche de l'AFP que je viens de lire ne portait ce titre éloquent : "La cour d'appel rétablit le mariage d'un couple musulman".

    Les lecteurs habitués de ce blog savent toute la sympathie que je porte aux religions et l'amour qui m'étreint pour les mille et une facéties en direction des femmes, des homosexuels, des incroyants, des humoristes et des apostats que l'islam invente en ce bas-monde. Cela dit, le rétablissement de la génuflexion à l'église et les croisades des créationnistes occupent aussi une place de choix au rayon des plaisanteries croustillantes ne représentant, comme on le sait, nul danger ni inconvénient aux plans politique et moral.

    Je précise, on ne sait jamais. Prépuce de précution, quand tu nous tiens, pas besoin de barbichette pour s'esclaffer le premier.

    Mais puisqu'il paraît inutile de préciser que la virginité des femmes, si elle est exigée dans une tradition musulmane à laquelle se référait tout de même l'époux, n'appartient pas en propre à cette religion. Et puisqu'il paraît inutile de préciser que la décision d'annuler n'a porté ni sur une absence de virginité ni sur une condamnation d'un mensonge. Et enfin, que pointer son nez sous les jupes d'une femme parce qu'elle est vierge ou ne l'est pas reste tout de même pointer son nez sous les jupes d'une femme qui n'avait rien demandé de tel, bien au contraire.

    Alors ben vive la République et vive ma liberté de penser que dans les tours hlm de ma vie et les immeubles des beaux quartiers, ainsi que dans ce triste monde que nous foulons un temps, être laïc pour moi ne signifiera jamais juger de ce qui, dans un couple, lui appartient en propre ou qui le désunit.

    Le corps est laïque. Et je pense ce soir à celle dont le sien vient de subir un nouvel outrage. Dieu prend, Dieu reprend. Il en est ainsi aujourd'hui de notre République. Amen.

    Et pendant ce temps-là, dans le supplément Style de Libération, c'est trop top d'être fashion-victime de la "mode modeste", toute de voile vêtue...

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  • Je ne pensais pas écrire sur le sujet, ce d'autant moins qu'il a des répercussions considérables et notamment sur des questions qui me taraudent depuis longtemps. Et ces répercussions engagent d'autres débats, voire de réels combats. Mais en l'occurrence, ici, dans cette déplorable affaire d'annulation de mariage intervenue à Lille, où même Elisabeth Badinter, pour qui j'ai le plus grand respect, se dit "ulcérée", je constate que des forums du quotidien Libération à ceux d'Agoravox, hormis quelques voix, c'est la curée.

    On pourra m'accuser de dhimmitude si on le souhaite. Il me semble qu'à cet endroit, la défense de la laïcité se trouve malmenée ainsi que les revendications légitimes des femmes qui se battent pour leur goût à vivre en homme libre et à disposer du droit de leur hymen à se déchirer sous les assauts d'un cheval d'arçon ou ceux d'un premier amant. Il me semble que, de surcroît et encore une fois, nos petits amis qualifiant d'islamophobie toute critique de l'islam et leurs "frères" en intégrisme toute irrévérence à l'égard des religions en général vont se pourlécher tant est grande la confusion entre droit civil, aspect contractuel du mariage, voire amour, convictions intimes et/ou religieuses, archaïsmes sociétaux et religion.

    Pour information, voici l'éditorial [commenté] de Laurent Joffrin sur le sujet hier samedi 31 mai :
    "Régression
    Donc, la virginité serait une «qualité essentielle» des jeunes épousées dans la France de 2008
    [Nul ne l'a prétendu. Il s'agit d'une qualité que les deux protagonistes reconnaissent comme essentielle dans l'union qui les concerne, et celle-ci uniquement puisqu'il ne s'agit pas de légiférer sur les qualités essentielles d'un mariage en général]. Depuis des générations, féministes et laïques se sont battues pour combattre ce préjugé archaïque [Certes. Pas pour interdire à ceux qui en ont la conviction, quelle que soit leur religion ou absence de croyance, de se présenter vierges s'ils souhaitent se marier en l'état]. Et voilà qu'un tribunal républicain, en annulant un mariage pour cause de mensonge intime [Puisque ce mensonge intime conditionnait l'union de part et d'autre, c'est bien lui qui peut la délier il me semble], lui donne soudain la solennelle sanction de la jurisprudence !
    Jour faste pour l'internationale des cagots
    [Comme c'est bien vu...], victoire pour la grande ligue des obscurantistes de toutes obédiences [Je réclame le droit à ne pas chanter avec des obscurantistes d'un autre ordre].
    Certes, les autorités françaises, dans l'application des principes légaux, doivent parfois faire preuve de tact avec les minorités croyantes
    [Il ne s'agit pas d'une revendication particulariste autour d'une croyance, même si les protagonistes sont musulmans et peut-être rigoristes, mais autour d'un point essentiel, oui, désolée, du contrat qu'ils ont passé dans leur intimité de couple]. Certes, les mécanismes de l'intégration républicaine doivent, dans certains cas, prévoir des étapes transitoires sur cette route escarpée. Certes, d'autres mensonges peuvent légitimement conduire à l'annulation - rare - de certains mariages [Renseignements pris, ce n'est peut-être pas si rare, et il semblerait qu'en 1997 un mariage catholique ait été annulé lorsque l'époux a appris que sa dame, ou l'inverse, avait précédemment divorcé]. Mais nous avons affaire en l'espèce à un cas flagrant de régression discriminatoire [Où se situe une discrimination quand les deux parties s'entendent pour mettre fin à une incompatibilité manifeste ?]. Les hommes n'ont pas, eux, et pour cause, à prouver leur virginité avant de convoler en justes ou injustes noces [Certes, c'est une injustice et un autre sujet.]. Rachida Dati parle de «protéger» les jeunes filles placées dans ces circonstances humiliantes [Et si elle n'avait pas tort, en l'occurrence ?]. La décision de la justice d'instance menace surtout l'émancipation future de centaines de milliers d'autres jeunes femmes [Bien au contraire, elle vient d'en libérer une sans plus de formalités] qui ont droit, comme toutes dans ce pays, à la libre disposition de leur intimité [Précisément, on viendrait à en douter à lire cet article]. La liberté de culte est garantie en France. Pour le reste, est-ce à la religion de s'adapter à la République, ou bien l'inverse? [Débat tronqué, aucune exigence religieuse n'a été considérée comme prévalant sur le droit, en l'espèce.] Il est temps que la justice réponde clairement à cette question d'avenir [Il est surtout temps de poser les questions à l'endroit où elles se posent et de ne pas s'indigner de travers]."

    Et voici un début de commentaire que je n'arrive pas à poster chez les amis de la Bande Verte pour cause de Web2 je suppose, auquel mon navigateur ou mon ordinateur semblent allergiques.

    Je n'approuve absolument pas l'indignation que vous semblez partager concernant cette annulation de mariage et pire encore, elle constitue à mes yeux une erreur de jugement qui va à l'encontre de tous les principes que nous défendons : laïcité, égalité de droit, voire démocratie.

    Je suis pour toute dire atterrée de la colère de cette grande dame qu'est Elisabeth Badinter sur le sujet, je ne comprends pas sa réaction, pas du tout.

    Ce n'est pas d'un jugement condamnant par avance les femmes non vierges au jour du mariage qu'il s'agit, mais d'un jugement qui défait un contrat entre deux parties consentantes et pour le passer et pour le rompre.

    Que l'homme en question mette un point d'honneur (et que sait-on, d'ailleurs, de ses motivations ? peut-être que c'est un gros con, peut-être que c'est un grand romantique ; peut-être agit-il au nom de sa religion, peut-être en sa conviction propre - ça ne nous regarde pas plus qu'un drap souillé la communauté qui le réclame) à ce que sa promise n'ait pas été déflorée est une chose. Une exigence qu'on peut tout à fait estimer archaïque. Ou respecter en tant qu'elle n'induit pas de violence à l'encontre de sa future épouse et qu'elle est partagée par elle.

    Laquelle semble d'ailleurs ne pas contredire l'annulation et bien au contraire l'avoir souhaitée également (ici, je me demande ce qui autorise qui que ce soit à la considérer comme une victime étant donné qu'elle échappe par là même à la contrainte de rester liée plus longtemps à ce monsieur, et si elle s'était trompée sur son compte, espérant peut-être que son désir d'elle survivrait à la béance, bien que si l'on se renseigne un peu, il appert que c'est la confiance trahie qui a été invoquée par le plaignant, ou plus précisément le fait que, légitimement il me semble, il ait considéré ne pouvoir fonder une relation durable sur un mensonge de l'ordre pour lui de l'indépassable, la lucidité l'aura rattrapée, et à son avantage, la justice lui permettant de prendre la poudre d'escampette sans plus attendre).

    Le pseudo-combat engagé ici me semble non seulement déplacé et ridicule, mais totalement à côté de la plaque. En tout cas exprimé tel qu'il l'est, c'est-à-dire en déviation par rapport à la nature du jugement.
    Pas plus que son absence de virginité ce n'est le "mensonge en tant que faute intrinsèque" qui a été jugé, mais tout simplement la validité du contrat passé entre les deux protagonistes qui, à mon avis, se seraient bien passés de cette publicité.

    Et la jeune femme, en plus de subir l'humiliation qui consiste à se faire raccompagner au domicile familial après avoir supporté celle qui consiste à ce que tout un groupe d'individus dans son cercle social n'ignore plus rien de la configuration de son sexe au soir de ses noces, se serait sûrement passée aussi de voir son hymen perdu devenir cause nationale alors même qu'elle n'a rien demandé. Hormis l'annulation du mariage, devant le juge.

    D'ailleurs les deux ont préféré garder l'anonymat et je leur souhaite sincèrement de ne pas être trahis, même si personnellement, évidemment, je n'aurais jamais souhaité me lier à un individu capable de me repousser pour déception vulvaire, pardonnez l'expression, mais immanquablement cette affaire évoque l'insupportable main-mise d'une "morale" sociétale sur les parties intimes des femmes. Où le mammifère humain doté de chromosomes XY s'entête à placer son honneur - voire celui de l'intégralité de sa tribu - entre les cuisses du mammifère humain XX. Et ce sur une question sanguinolente que l'on juge à juste titre parfaitement indigne. Où la morale de l'organisation sociale chez le primate bipède mâle doté d'une boîte crânienne de bonnes dimensions se loge dans l'accès à l'appareil reproducteur du primate bipède femelle doté d'une boîte crânienne d'égale dimension et nous renseigne si c'était nécessaire sur l'obsession qui fonde les communautés humaines face au néant qui les emporte.

    Or ce débat-là ne peut pas être engagé de cette manière autour de ce jugement, je pense. Enfin, pas ce débat-là, là, l'autre. Celui du mythe de la virginité appliquée aux jeunes femmes et à elles seulement. Qui conduit de nombreuses femmes par le monde et ici même à subir une opération chirurgicale de reconstitution de l'hymen pour échapper à l'opprobre familial. Quand d'autres, plus malignes, préservent la notoriété frontale en optant pour la cause anale. Je me demande à propos pourquoi certains prédicateurs, si prompts à légiférer, pour le coup, sur tous les aspects de la sexualité en général et féminine en particulier, n'ont toujours pas pensé à éditer et diffuser dans toutes les bonnes librairies intégristes un Manuel de la sodomie à l'usage des vierges (et des poissons). Enrichi d'une postface sur le bon usage de la fellation et du cunnilingus.

    Cela dit, je ne suis pas personnellement choquée que des jeunes gens décident de rester bibliquement inconnus jusqu'au mariage, ce qui fut le cas de mes parents. Je ne vois pas en quoi ce choix personnel porterait atteinte à mes convictions, me ferait violence d'une quelconque manière, et en quoi je devrais l'interdire, au prétexte qu'il serait nécessairement motivé par l'exercice d'une religion et quand bien même, je le répète, à partir du moment où il est librement consenti et bienheureusement vécu. Sans devenir loi pour tous, évidemment.

    Aucune commune mesure avec la question du voile à l'école, par exemple. Ni avec celle des horaires de piscine, puisqu'on parle de région Nord-Pas-de-Calais et de communautarisme.
    Rien à voir non plus avec les violences subies par les femmes dans l'islam, puisqu'on parle d'islamisation.

    La justice n'a pas prononcé ici de jugement moral sur la valeur accordée par un couple précis à une virginité prémaritale. Elle n'a pas non plus soumis le droit à une quelconque pression religieuse. Elle n'a pas, prononçant ce jugement, ouvert la voie à une légitimation des crimes d'honneur, de la lapidation, de l'excision, de l'infibulation et des mariages forcés. Elle n'a pas dit que toute femme musulmane, voire toute croyante, voire toute femme pourrait dorénavant être reconnue coupable de ne pas se présenter chaste à l'autel. Ni même que mentir sur la présence ou non de l'hymen est condamnable.

    Oui, je trouve franchement aberrant de lire ici et là (Libé, Agoravox) que la justice française trahirait la laïcité dans ce jugement, épaulerait l'obscurantisme le plus crasse et sombrerait bientôt dans le communautarisme, voire l'islamisation de ses valeurs.

    Et je souffre que mon ami WIL à qui je ne peux pas répondre pour raisons techniques, mais dont j'ai pu lire la réaction, puisse imaginer une seule seconde que je considère les femmes comme du bétail parce que je n'adhère pas à ce qui semble, pour une fois, rassembler tout le panel politique de l'extrême-gauche (le PC) à l'extrême-droite (le FN). Tous aussi impatients de dénoncer une prétendue main-mise de l'Etat en la personne de son représentant de l'exécutif sur l'intimité des femmes et leur dignité. Quand le motif peut tout aussi bien être le fait d'avoir caché un divorce antérieur, ou des condamnations, ou une incapacité à exécuter le devoir conjugal. Et Ségolène qui aurait mieux vu un divorce...

    Au fond cette question de l'hypocrisie sociale me révulse absolument.

    Le point de vue d'un avocat ici.
    Celui de Caroline Fourest .
    Et celui de l'Eglise catholique.

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