• - Alors tu es allée au bout du monde pour me rapporter ce bateau ?
    - Oui.
    - Et où est le bout du monde ?
    - Pas loin. Ce bateau a traversé les océans et il a connu des tempêtes, mais regarde, en dehors des cordages qu'il faudra réparer un peu, en principe il navigue.
    - Un bateau, ça coule toujours.
    - Regarde, il a une quille. C'est ce qui lui permet de tenir en équilibre. Il a des voiles. Avec le vent, c'est ce qui lui permet d'avancer.
    - Un bateau, ça coule.
    - Un bateau, ça navigue.
    - Alors je pourrai le faire aller au parc ?
    - Oui. Essaie demain dans ton bain et s'il y a le moindre problème, dis-le moi.
    - D'accord.
    - Oui. Parce qu'un problème, ça se règle.
    - Je ne veux pas aller te voir avec les grands.
    - Alors ce sera entre quatre yeux.
    - Lis-moi une histoire.
    - Il est tard pour lire une histoire à un enfant de cinq ans.
    - Non, j'ai six ans.
    - Tu es né en 2002.
    - Oui.
    - Alors je viendrai demain soir à une heure où il est possible de lire une histoire à un petit garçon de six ans. Ta maman me dira quelle heure c'est.
    - Tu m'as dit comment rêver comme je veux mais aussi il y a des mauvaises choses.
    - Quelles mauvaises choses.
    - Les grands.
    - ...
    - Mon bateau, son nom c'est Maxime Bateau.
    - Tope-là, Maxime.

    1 commentaire
  • D'abord je n'ai jamais compris - ou alors il faut accepter définitivement ce cynisme économique qui dirige les décisions politiques - pourquoi le Comité olympique international a fait semblant de penser que le gouvernement chinois ferait amende honorable, alors même que, peut-être me trompé-je dans les dates, je n'ai pas le temps de vérifier, les intérêts de la Chine au Darfour et plus généralement sur le continent africain ne s'embarrassent pas d'histoires d'écologie, de génocides, de massacres et de droits de l'homme et que vraiment la candeur occidentale est risible à cet égard, si tant est qu'elle croit un tantinet en ses pseudo-causes, car personnellement plus je regarde ce chaos moins je conserve un semblant d'espoir - par quelle invraisemblable gageure Pékin avait été élue pour les Jeux olympiques que j'adorais à l'époque où j'étais gymnaste à cause de Nadia Comaneci que j'avais vue à la télé. Alors boycotter me paraît une pure tartufferie. Ou alors ne vendons ni tégévés ni centrales nucléaires, et surtout cessons d'acheter ces produits "made in China" pour lesquels la population de l'Empire communisto-libéral - fallait le faire - sue et saigne au cœur d'une machinerie définitivement inhumaine, car si les Tibétains en voie d'éradication, horreur encore, versent des larmes de sang et sont exécutés en masse depuis un demi-siècle, toute dissidence dans cette Chine tellement populaire fantasmée par d'anciens intellectuels reconvertis se termine une balle dans la nuque et un trafic d'organes en prime. Et ces caméras et leurs vingt secondes de décalage. Et le peuple de Chine qui souffrirait d'une déconsidération de l'honneur. Nationalismes, je vous hais.

    - Mais tu es sûre que même s'ils font appel, c'est gagné ?
    - Ils étaient des centaines à attendre, peut-être des milliers. On ferme notre gueule pendant un mois. Puis on l'explose.
    - Tu penses vraiment que c'est verrouillé ?
    - Ce ne sont pas des amateurs. Quoi qu'il arrive ensuite, ce jugement a été prononcé.
    - Bon. Je vais me servir un verre.

    Papa avec ses beaux cheveux blancs indomptables et son caractère renfrogné et maman avec son air gamin et ses blagues de petite fille reviennent vendredi m'aider à finaliser le départ. Tout est en vrac, en ordre. Et une musique me fait swinguer.

    8 commentaires

  • Chère BoM, finalement les notes sont bien où elles sont.

    4 commentaires

  • En attendant mieux, le jour se lève violacé à rose aujourd'hui sur l'horizon du monde. Et je m'étourdis en écoutant une chanson d'amour sirupeuse de Whitney Huston qui disposait d'un body guard, tu vois le tableau, avé la larme qui se dilue dans le café-jus de chaussette et le palet breton pur beurre et avé la petite voix de la raison qui fredonne "Sois courageuse, ma fille" quand c'est pas "On the road again", "Happiness is a warm gun" ou "Bullet Boy" de Massive Attack.
    Moi aussi j'ai toujours rêvé d'être un gangster.
    D'ailleurs La Redoute m'a comprise : la pub en haut me fait une remise de 40% sur les slips. Successful, le casse du siècle.

    2 commentaires


  • la confiance, l'intime, l'abandon

    le chaud de l'amour
    comme disait ma cafetière hier encore à six heures du soir.

    On parlait le même langage et si les photos étaient floues c'était d'un regard encore ému.

    (J'ai révisé sagement le manuel de la photo ratée, faut dire.)


    Aujourd'hui c'est printemps, il va pleuvoir sur le pare-brise ; gouttes de pluie sur la route, petit chant sans parole sur le bruit du clavier mondial, celui tu sais de l'inodore où chacun ressemble à tout le monde et personne ne connaît personne, la confusion entre les mots que l'on énonce et ceux que l'on est en train d'écrire - Je suis brut (de coffrage ? - fille de maçon tu resteras). Quand le froid ressemble à une caresse, autant s'installer à l'arrière et contempler le paysage, voire baisser les paupières humblement devant la candeur des regards bovins et les dos d'âne le ventre vide. Candy va s'occuper de la cave, les souvenirs se débrouilleront sans moi dans leurs cartons de la dernière fois.
    Si je suis un peu en retard maman, c'est que j'étais heureuse, bien que les fraises ne soient pas de saison et que malgré les apparences j'ai les doigts de gourde : je fais des photos d'astygmate hypermétrope divergente quand j'aime, j'en oublie mon autofocus. - Tu es plus belle en vrai qu'en film. - Je ne rêve pas d'une carrière d'actrice.

    J'ai mis une jolie robe ce matin quand même, la noire que je t'avais montrée au bureau.

    13 commentaires