• J'ai reçu la vie comme une blessure,

    et j'ai défendu au suicide de guérir la cicatrice.



    Isidore Ducasse, dit Comte de Lautréamont.


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  • Pour ceux qui douteraient encore de ce qu'est le Hezbollah, cette mise au point de WIL.

    Essayons d'ouvrir les yeux. Nous sommes face à un conflit où les forces en présence se définissent non pas par leur programme politique (quoique...), mais par leur appartenance à un clan, leur croyance dans un rite, leur allégeance à un chef de guerre. Comment analyser, avec des repères occidentaux ou "développés", la situation libanaise ? Quand j'évoque la ressemblance entre Nasrallah et Hitler, entre le hezb et les SS, Amal et les SA, 14 mars et le KPD (non, ça c'est pas bon), je me fais critiquer au prétexte qu'on en est limite au point Godwin. Pourtant, l'histoire a l'air de se répéter, mais le présent est trop confus à nos yeux pour qu'on puisse en tirer une quelconque sagesse, d'où la nécessité d'utiliser des repères du passé. Bon, 1 point Godwin quand même. Donnez-le à qui vous voulez.

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    Qui veut quoi au Liban ? Chacun veut le pouvoir, on l'a compris. Mais pour quoi faire ? Le seul à n'avoir jamais menti sur ses intentions une fois qu'il serait installé reste le hezb qui n'a jamais caché qu'il verrait d'un bon œil, à condition que tous les Libanais en soient d'accord, l'instauration d'une république islamiste chiite. Mais Aoun, Geagea, Hariri et consorts ? Quel Liban souhaitent-ils pour l'avenir ? Imaginons que nous sortions de cette crise avec un gouvernement de consensus ou de nouvelles élections qui, ô surprise, donneraient un nombre de députés tel aux forces de l'opposition qu'elles deviendraient la majorité. Que se passera-t-il ? Les Libanais vont-ils accepter de payer, horreur, des impôts ? De s'accorder sur la nécessité d'obtenir des transports en commun et des espaces verts multiconfessionnels ? Vont-ils s'apercevoir de la nécessité d'un service public fort, ossature d'une société civile diverse mais unie ? On peut en douter, et quand je vois les combats entre miliciens au Liban, ce qui m'inquiète le plus, c'est l'après, quand les canons ne tonneront plus et qu'il faudra reconstruire ensemble ce qui n'a jamais existé.

    Au Liban, on présente souvent son identité avant d'exprimer son opinion : Moi je suis chrétien MAIS je comprends le hezb, ou moi, je suis chiite, MAIS je ne soutiens pas Aoun. Tout est basé sur l'appartenance géographique et communautaire. Mais tout se fonde aussi sur la crise en ce sens que l'appartenance clanique est définie par le rejet de l'autre : le sioniste, le chrétien, le musulman, l'occidental, l'étranger, etc. Ce n'est pas propre au Liban, mais c'est un pays qui exacerbe cette micro-appartenance devant les nombreuses différences que chacun va se trouver avec l'autre. Les combats prendront fin, éventuellement. Mais sur les ruines, quel drapeau brandir ? Le plus simple serait de laisser le hezb triompher : son étendard clame, ce qui est plutôt pratique, que dieu est avec eux. Comme les nazis autrefois qui arboraient un fier "Gott mit Uns". Et voilà, un 2ème point Godwin.


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  • Photo et questionnaire dx2.

    Question 1 : - T'es célibataire ?
    - Heu... ouais...
    Question 2 : - T'as une photo ?
    - Heu... ouais...
    Question 3 : - T'as une photo en pied ?
    - Heu... ouais...
    Question 4 : - T'as une photo en pieds nus ?
    - Heu... ouais...
    Question 5  : - Tu fais quoi au mois d'août ?

    Il paraît que lorsqu'on meurt on perd 21 grammes. Qu'est-ce qu'on perd. Qu'est-ce qu'on gagne. (Sean Penn - Alejandro Gonzales Inarritu - 21 grammes)

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  • C'est étrange et bénéfique, je n'ai jamais lu ce livre de Cioran, me nourrissant au hasard de relectures aussi avides qu'amnésiques de Précis de décomposition et surtout De l'Inconvénient d'être né.
    Etrange et volubile de partager des verres entre silencieux dans la vie, éruptifs dans la vie mais ailleurs - "Voler, rêver, oui." Pourquoi décider de lui céder deux cigarettes et non trois, à cet homme à l'accent québécois qui a de suite occulté nos visages et dont la présence en triangle avec le serveur charmant en outre et orné d'un fil de téléphone dans l'oreille sur le pan de trottoir déclenchait en moi au départ l'alarme du claustrophobe. Nous avons changé de table comme on danse en habit noir, invisibles, sans un mot, ou peut-être Richard Strauss et System of a Down. Je ne saurais être plus précise.
    Etrange et émouvant ton visage exactement deux fois moins âgé que le mien sous le cri des mouettes qui nous enchante. Vois comme il est improbable et pourtant possible de faire silence en toute quiétude.
    Douce vie qu'une rencontre entre voyageurs incertains.
    Ces méandres de la pensée, frêles galères, une claque de vain sonore comme une Vesta rugissante rouge carmin verni, des visages insensés juchés sur des corps torves qui se déplacent comme on rumine, inconsciemment, des corps heurtés que le médecin diagnostique sans faillir quelques heures auparavant, heurtés d'absurde.

    "L'ennui : être prisonnier du temps inexpressif, émancipé de la vie, qu'il évacue même, pour créer une rencontre autonome. Que reste-t-il alors ? Le vide de l'homme et celui du temps ; on souhaiterait plonger dans l'immédiat et l'on ne peut que se dessécher dans l'air épuré d'un devenir abstrait. Que faire contre l'ennui ? Quel est l'ennemi à abattre, ou du moins à oublier ? Certainement le temps - et lui seulement."

    C'est un extrait de l'extrait que tu avais choisi dans le tram.

    "La vie : prétexte suprême pour qui est plus près de l'éloignement de Dieu que de sa proximité."

    C'est celui que j'avais extrait de ton livre.

    Emil, Pierre, William, Sarah, Milan, à la rescousse, vite ! Un courant d'air dans les moustaches m'alerte que j'me gavaldanise.


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  • Lucien Jeunesse est mort et avec lui disparaît un pan de réalité déjà embrumée dans les limbes des souvenirs. C'était joli, le Jeu des mille francs, c'était joli de ne gagner que 150 euros si le candidat répondait juste, les auditeurs attentifs au mémorable tic-tac du sablier radiophonique. C'était joli de suspendre son souffle avec Madame Michu et Monsieur Michel quelque part au creux d'une vallée et sur une place de ville. C'était joli, cette voix venue d'un autre âge aux accents d'un autre monde.
    J'aimais qu'il n'eût pas de visage pour moi pendant ces déjeuners d'enfance où notre arrière-grand-père cheminot racontait dans un français aux R roulants, parfois en occitan s'il parlait trop vite, la mutinerie de 1917. Un silence sacré régnait à midi pile, nos esgourdes enfantines tendues nous nous pâmions d'admiration quand il connaissait les réponses. Qu'il était doux de se dire alors que grandir serait connaître. Le poste grésillait sur le haut du frigo, son antenne déformée par les chutes ou les ans.
    J'aimais bien ces défis bon enfant tout emprunts d'élégance.
    Banco.

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