• Je n'ai jamais fait de politique
    Je suis un papillon sur la fleur
    De la blogosphère fantastique
    Où mes tenues font un malheur

    Aussi c'est en baissant les yeux
    Le sourire modeste, la voix glamour
    Qu'aujourd'hui je m'adresse à ceux
    Qui croient encore que dans ma tour
    D'amoureuse lalalala
    Mon génie se reconnaîtra

    Je suis une artiste que voulez-vous
    Tout le monde ne peut être poète
    Mais quelle tenue conseillez-vous
    Pour que les droits de l'homme soient à la fête

    La question est fondamentale
    Surtout que j'ai fait l'effort flagrant
    De rentrer les pieds en dedans
    Et que ça me rapportera que dalle

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  • Grand jour que ce jour qui aura vu la République, par un arrêt du Conseil d'Etat et au nom du principe d'égalité entre hommes et femmes qui est l'un des siens, reconnaître la burqa pour ce qu'elle est : la manifestation d'une oppression exercée à l'encontre des femmes et véhiculée par l'islam politique, et non un simple symbole de foi.

    Une manière de renouveler ce beau geste d'amour qu'Habib Bourguiba avait eu le 13 aout 1966 à Tunis en dévoilant doucement une femme avant de l'embrasser fraternellement, signifiant sans qu'un seul mot soit nécessaire qu'aucune raison en dignité ne saurait jamais ni nulle part exiger des femmes qu'elles fassent acte de contrition en niant leur corps et leur liberté de mouvement, que ce soit devant Allah ou devant des hommes censés n'être que des brutes face à leur corps et ses courbes célestes et démoniaques. Des brutes fondées à les violer, les assassiner si elles dérogent à la règle.

    Geste de reconnaissance, geste de libération, réaffirmation de principe. Un grand courage, d'autant plus grand que les pressions islamiques sur les droits de l'homme se précisent dangereusement en ce moment même à l'ONU.

    Il reste à espérer qu'un recours dont j'ignore s'il est possible à la Commission européenne des droits de l'homme ne donne gain de cause à la plaignante et que ce bras d'honneur magnifique de la République une, laïque et indivisible au fondamentalisme religieux ne devienne par le fait le dernier soubresaut d'idéaux massacrés au nom de la tolérance.

    Aux compatissants qui voudraient s'élever contre cette décision je répondrai rapidement qu'ils semblent en ignorer tout à la fois l'enjeu et le sens. Et je leur poserai cette question :

    Seules les princesses saoudiennes ou qatari auraient-elles le droit, posant le pied sur le sol de France, de troquer leur abaya contre un jean ou un tailleur ?


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  • La conférence internationale contre le racisme qui s'est tenue à Durban en 2001 a vu se développer un certain nombre d'idées qui fleurissent dans les forums et dont une amie m'a judicieusement fait remarquer qu'il est étonnant de ne pas vraiment en lire un décryptage dans la presse. Parmi celles-ci, la dénégation de la Shoah comme tout à la fois particulière et universelle, la relativisation du négationnisme, le refus de considérer les Juifs comme un peuple, la redéfinition de l'antisémitisme, l'assimilation du sionisme au nazisme.

    Y circulaient Mein Kampf, le Protocole des Sages de Sion, des caricatures dignes des années 30 et ce tract :

    "Qu'est-ce qui se serait passé si j'avais gagné ?
    Les bonnes choses
    Il n'y aurait pas d'Israël et pas de bain de sang palestinien. A vous de deviner le reste.
    Les mauvaises choses
    Je n'aurais pas autorisé la fabrication de la nouvelle Coccinelle. A vous de deviner le reste."

    Deux mille personnes y auraient, dans un grand élan altermondialiste et droitdelhommiste, clamé "Mort aux juifs" après un discours vibrant de Fidel Castro.

    La prochaine conférence internationale contre le racisme, faut-il le rappeler, dite Durban 2, s'annoncerait, selon quelques sources, sous les mêmes funestes auspices.

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  • Cette photographie d'Albert Einstein qui a fait le tour du monde, notamment reproduite dans les années soixante-dix sur des affiches antimilitaristes, aurait été prise lors de son soixante-douzième anniversaire lorsque, exaspéré par l'insistance du photographe à lui demander de sourire, il aurait finalement préféré lui signifier par l'exhibition de la papille à quel point tout ça le concernait.
    Je me fais une joie voire un orgasme de la réutiliser ce soir bien que je n'aie ni l'intelligence ni l'âge vénérable du défunt physicien pour dire en quelques lignes à quel point il est urgent de signer une pétition, ça faisait longtemps, sur le site de la LICRA (Ligue internationale contre le racisme).
    Comme vous l'ignorez peut-être, je déteste les pétitions et si selon certains il est déjà trop tard, si Sparte a déjà piétiné Athènes, si l'obscurantisme tout à la fois religieux et politique a déjà relégué l'histoire, la République, la démocratie et la laïcité au rang d'une virgule infinitésimale dans le cycle abscons de la présence humaine sur terre, si les préceptes archaïques ont définitivement fait abdiquer l'esprit des Lumières, tant décrié par tout ce que la France exsangue et l'Europe affolée comptent d'intégristes croyants en lutte contre un intégrisme athéiste largement fantasmé, quels qu'en soient les torts, s'il est donc déjà trop tard et si cette invention merveilleuse d'un vivre-ensemble qu'est la laïcité agonise et nous avec elle, puisque nous n'avons aucune arme pour la pleurer, signons.
    Dans moins d'une année doit se tenir à Genève une deuxième conférence mondiale contre le racisme à l'initiative de l'ONU où « une "triple alliance" composée de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI) représentée jusqu'à ce jour par le Pakistan, du Mouvement des Non Alignés où Cuba, le Venezuela et l'Iran ont un rôle central, et de la Chine - avec la complaisance cynique de la Russie – œuvre ainsi à la mise en place d'une véritable révolution prétendument multiculturelle. Ainsi, le Rapporteur spécial de l'ONU sur les formes contemporaines de racisme Doudou Diène déclare d'ores et déjà qu'énoncer une critique contre le port de la Burqa constitue une agression raciste, que la laïcité est ancrée dans une culture esclavagiste et colonialiste et que la loi française contre le port des signes religieux à l'école participe du racisme antimusulman, renommé islamophobie occidentale. La confusion des esprits est à son comble quand est dénoncée comme une attitude raciste toute critique de la religion. C'est une menace radicale contre la liberté de penser qui est en train d'être cautionnée par l'ONU. En assimilant au racisme toute critique des dérives de ceux qui parlent au nom de l'islam, parce que supposée relever d'attitudes néo-colonialistes, les porte-paroles de cette nouvelle alliance serrent un peu plus le garrot qu'ils ont passé au cou de leurs propres peuples et sapent les fondements d'une civilité très chèrement acquise en Europe depuis les guerres de religion."
    Avant de devoir porter le deuil de la liberté d'expression, de l'irrévérence, de l'humour noir et de la fanfaronnade, chers frères, chers sœurs, une fois encore, une dernière fois

    Blasphémons !
     


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  • Constatant à quel point l'exercice de la confession de l'endeuillement rassemble en une grand-messe consensuelle tout ce que la cyber-planète et le monde de l'édition comptent d'âmes sensibles, comprenantes, compatissantes, j'en viens à détester la mort pour le chagrin obscène qu'elle inspire parfois. Nul besoin, avec un tel sujet, de faire œuvre de plume et d'esprit. J'entends par là de vérité, du moins la mienne.
    Comment choir sans trop d'inquiétude dans ce processus dit du deuil et ses diverses étapes vécues comme une échelle obligatoire qu'il faudra traverser coûte que coûte. Ce nouveau rituel sans sacre dont le but est de se détacher, vaille que vaille ma brave dame, de ce qui m'est irréparable.
    Non, la "vie" ne continue pas "comme avant, comme toujours". Je ne peux une seule seconde envisager de supporter la disparition de mes aimés comme l'inconvénient que représente celle de mon aspirateur. Il m'a fallu vingt ans pour cesser de pleurer la mort de mon grand-père et aujourd'hui encore il m'est impossible de l'évoquer sans me rappeler ce jour grisâtre et brumeux où je me suis de nouveau rendue au cimetière pour tâcher de mettre un terme à mes larmes. Courbée sur la tombe où une photographie de son visage, pas la plus représentative de ce qu'il fut à mes yeux, de l'aventure de son existence, cerclée d'un médaillon de cuivre, accompagne celle, tellement plus ancienne, de ma grand-mère. Je me souviens de ce jour comme d'un de mes plus grands courages, refaire ce trajet de l'entrée du cimetière à la parcelle, vingt ans plus tard. La difficulté à marcher en résonance exacte du chemin parcouru à quinze ans, mon Golgotha tout personnel. Ne sachant plus. Ne me trompant pas. Le corps en mécanique de précision flairant les sinuosités à suivre, ces allées peuplées de silence en ce mois de janvier comme elles étaient peuplées de mes hurlements intérieurs en cet autre mois de janvier.
    Cette lettre qu'il n'a jamais lue. Je savais. Je savais dans ce dernier regard après les agapes de Noël. Il savait que j'avais compris. J'avais beau m'être empressée ensuite de rédiger ma déclaration d'amour et de lui adjoindre une photo de nous, les quatre enfants de son fils aîné, c'était trop tard.
    Toujours il a été trop tard.
    La lettre et le cliché ont été rongés par les vers avec lui, dans la poche de ce costume élégant et noir qu'il portait dans les grandes occasions.
    De deuil, je ne sais faire.
    De mode d'emploi, je n'en veux jamais.
    Mon chagrin est le même et il le restera.
    C'est précisément ce chagrin, renouvelé ensuite, qui m'anime et qui fait danser ma joie à sa lueur sauvage et sombre. Aucun process psychologique ne me l'enlèvera.
    Oui je pleure et je pleure encore mes morts. Je les porte et je les caresse, je les embrasse et je les berce. Rien. Jamais. Ne les relativisera.
    Je les porte et je les caresse, les emmène en promenade sous mon front chaque seconde que je vis. Toute la colère, toute la douleur et tout l'amour intacts et intouchables. Je les porte et je les caresse, en promenade discrète sous mon front. Toi qui me croises, tu n'en auras jamais qu'une conscience légèrement inquiète, si légèrement, lorsqu'ils martèlent la circulation de mon sang.
    C'est leur présence en moi qui te fait peur si tu les flaires. Parce que tu auras décidé que la vérité de la nature est l'oubli quand je n'aurai pas décidé que la vérité de la mienne est un sac d'os qui tintinabullent sous une toile de jute rude et austère et que j'ai à porter, que je le veuille ou non.
    Non, la vie ne "continue" pas.
    Précisément non. Elle s'arrête. Elle écorche. Elle retire. Elle blesse, avilit et inflige sans aucune réparation possible. C'est, pour en revenir à ce grotesque amendement contemporain, cet irréparable qui nous faits peut-être hommes - je me fous de travestir en "humains" pour y inclure les "femmes" ce terme, comme on le fait pour les droits de l'homme, ces "droits de l'humain", encore un sujet à caution pour moi, de ceux qui ressemblent à une alerte rouge, il faudra bien que je m'en occupe un jour tellement ça me révulse.
    Cet irréparable qui nous faits hommes comme il fait les éléphants câliner de leur trompe le crâne décharné d'un des leurs et repousser les coprophages ayant le mauvais goût de s'en régaler au même instant.
    Alors certes j'ai lu. Voyages de la mort d'Eliane Georges. Un ouvrage remarquable, introuvable, découvert par hasard chez un bouquiniste fou à La Réunion, à Saint-Leu, ville merveille, pour tout dire. J'y ai appris à chevaucher la répulsion qu'inspire un cadavre, lisant les différents rituels associés à la mort dans l'histoire des civilisations et selon les coutumes du monde. Et encore récemment sur Arte, je me suis contrainte à regarder un reportage sur leur traitement, les considérant pleine de vomissures et d'un dégoût métaphysique total.
    Guérie de rien.
    Cette chair hier encore chaude. Ce regard hier encore malicieux. Ce cœur hier encore audible.
    Nul manuel ne saurait me faire oublier ce qu'il advint de mes aimés réduits à leur inexorable. Ces manuels et ces autres petits exploits de littérature désastreuse, je les brûle en mon for intérieur. J'en fais un grand autodafé. Mais minuscule, au fond. De l'allumette mouillée pour un semblant de réconfort que je récuse.
    Nul réconfort. Jamais.

    Regarde mes morts si tu le peux, toi qui comptes avec tant de méthode jusqu'à ta sérénité bouffie avant l'heure la justesse graduée de ce que tu t'es convaincu être ton sentimentalisme. Un temps pour le chagrin, un temps pour la colère, un temps pour cette acceptation servile que tu nommes le deuil fait.
    Tu ne le peux, regarder mes morts. Ils sont gênants comme des tiques. Incongrus avec leur absence et l'ignominie de leur puanteur muette.
    Leur présence rieuse et désolée t'afflige car de nos morts nous avons faits des scélérats. Des produits que l'on traite comme d'autres, avec une petite valeur ajoutée qui se répand en plaintes mièvres. Et s'épand sur des pages aussi mouillées que des jus de moines.

    Ô mes morts adorés dont l'incapacité grotesque à vous exprimer en direct fait de vous "des étapes" à franchir afin que je demeure malgré tous les désastres belle-intelligente-équilibrée, comme j'aimerais, dans un grand film de série B insensé, où torrentiellement pleuvent les zombies, comme une armée de ricaneurs boire avec vous jusqu'à la lie le venin ultime courbée sur votre tombe, insupportant de disperser vos cendres, serrant contre moi l'urne, l'Inconvénient à être né.

    En ce jour de janvier perlé de givre, ma vieille Fiat refusait de démarrer. C'est en bus et à pied que je suis allée au cimetière, le manteau serré contre le corps, à quoi bon, vingt ans après. Ce geste n'y aura rien changé.

    (Combien je t'entends toi O. S.)

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