• Je n'ai jamais fait de politique
    Je suis un papillon sur la fleur
    De la blogosphère fantastique
    Où mes tenues font un malheur

    Aussi c'est en baissant les yeux
    Le sourire modeste, la voix glamour
    Qu'aujourd'hui je m'adresse à ceux
    Qui croient encore que dans ma tour
    D'amoureuse lalalala
    Mon génie se reconnaîtra

    Je suis une artiste que voulez-vous
    Tout le monde ne peut être poète
    Mais quelle tenue conseillez-vous
    Pour que les droits de l'homme soient à la fête

    La question est fondamentale
    Surtout que j'ai fait l'effort flagrant
    De rentrer les pieds en dedans
    Et que ça me rapportera que dalle

    10 commentaires

  • - Comment se fait-il que l'humanité courre ainsi à sa perte sans réagir que localement, individuellement, au mieux.
    - On est foutus.
    - Manifestement.
    - Personne, même dans les pays les plus riches, ne vivra jamais comme avant.
    - Sans doute quelques privilégiés, un temps. Une réalité qui ne semble pas encore affecter vraiment nos territoires. La politique hexagonale cela dit va dans le sens du désastre.
    - En privilégiant le modèle économique à l'origine des déséquilibres globaux, c'est certain. Mais c'est pas une raison pour ne pas aller manifester demain.
    - Economique, politique et moral. Mea culpa, je déteste crier, j'aime pas les slogans et je suis agoraphobe, mais il se peut que je fasse un effort pour le comptage.
    - Ça te prend souvent ?
    - Quoi ?
    - De penser au chaos mondial qui s'annonce.
    - Il ne s'annonce pas, il s'étend, accélère. Oui, sans doute j'y pense constamment.
    - Autant se tirer une balle.
    - Non, plutôt relire certains romans.
    - Tu n'es pas très aimable.
    - Ai-je prétendu le contraire.

    Il m'est devenu impossible de croiser le regard d'un enfant ou d'un adolescent sans éprouver un chagrin coupable. Impossible de me réjouir d'une naissance ou de la simple idée de donner vie qui rend baudruches les jeunes amants. Je ne veux qu'embrasser les fronts diaphanes de ceux que j'aime où dorment autant de ruses, de rêves et d'appétits que de tourmentes, protégés de la faim, des maladies et des bombes.

    Oui oui, j'ai bien conscience de l'extrême platitude d'un tel constat qui aurait pu s'apparenter à un "cultivons notre jardin" avant que n'ait été adoptée la loi sur les cultures gm dont on m'a appris aujourd'hui que des paysans russes (?) auraient abandonné les leurs après les avoir testées pour nous. (On pourra toujours objecter que la patrie du tsar, de Staline et de Poutine n'a aucune leçon à donner.) Qui pourrait aussi s'apparenter à un "chacun chez soi à s'occuper des siens, c'est déjà bien", voire à un "je travaille à m'aimer pour mieux aimer autrui ensuite, ça occupe déjà mes journées".

    La question qui se pose donc est la suivante : cette dichotomie extrême entre la réalité du monde tel qu'il s'éteint (car rassurons-nous, notre espèce en entraîne tant d'autres dans sa perte qu'on ne s'accusera pas d'égoïsme) et la légèreté charmante des saisons jolies, des marches du Festival, conjuguée à ces petits bonheurs quotidiens tels qu'un vol d'hirondelles - une vieille chanson ? -, un voisin serviable, une bonne bouteille et autres plaisirs terrestres ("on n'a qu'une vie et il nous a été donné d'en choyer la qualité") conduit-elle nécessairement à 1) Perdre tout sens de l'humour ? 2) Devenir gauchiste ? 3) Se vautrer dans la débâcle sexuelle ? 4) Réciter des mantras ? 5) Parler ? 6) Se taire ?

    6 commentaires
  • C'est étrange et bénéfique, je n'ai jamais lu ce livre de Cioran, me nourrissant au hasard de relectures aussi avides qu'amnésiques de Précis de décomposition et surtout De l'Inconvénient d'être né.
    Etrange et volubile de partager des verres entre silencieux dans la vie, éruptifs dans la vie mais ailleurs - "Voler, rêver, oui." Pourquoi décider de lui céder deux cigarettes et non trois, à cet homme à l'accent québécois qui a de suite occulté nos visages et dont la présence en triangle avec le serveur charmant en outre et orné d'un fil de téléphone dans l'oreille sur le pan de trottoir déclenchait en moi au départ l'alarme du claustrophobe. Nous avons changé de table comme on danse en habit noir, invisibles, sans un mot, ou peut-être Richard Strauss et System of a Down. Je ne saurais être plus précise.
    Etrange et émouvant ton visage exactement deux fois moins âgé que le mien sous le cri des mouettes qui nous enchante. Vois comme il est improbable et pourtant possible de faire silence en toute quiétude.
    Douce vie qu'une rencontre entre voyageurs incertains.
    Ces méandres de la pensée, frêles galères, une claque de vain sonore comme une Vesta rugissante rouge carmin verni, des visages insensés juchés sur des corps torves qui se déplacent comme on rumine, inconsciemment, des corps heurtés que le médecin diagnostique sans faillir quelques heures auparavant, heurtés d'absurde.

    "L'ennui : être prisonnier du temps inexpressif, émancipé de la vie, qu'il évacue même, pour créer une rencontre autonome. Que reste-t-il alors ? Le vide de l'homme et celui du temps ; on souhaiterait plonger dans l'immédiat et l'on ne peut que se dessécher dans l'air épuré d'un devenir abstrait. Que faire contre l'ennui ? Quel est l'ennemi à abattre, ou du moins à oublier ? Certainement le temps - et lui seulement."

    C'est un extrait de l'extrait que tu avais choisi dans le tram.

    "La vie : prétexte suprême pour qui est plus près de l'éloignement de Dieu que de sa proximité."

    C'est celui que j'avais extrait de ton livre.

    Emil, Pierre, William, Sarah, Milan, à la rescousse, vite ! Un courant d'air dans les moustaches m'alerte que j'me gavaldanise.


    1 commentaire

  • © Yves Grosdidier (Université de Montréal et Observatoire de Strasbourg), Anthony Moffat (Université de Montréal), Gilles Joncas (Université Laval), Agnes Acker (Observatoire de Strasbourg), et NASA.


    What else.

    Laisse-moi t'oublier pour un temps ou plus exactement oublier nos prières et marcher comme une teigne agrippée à des pores inconnues ou comme un pou égaré sur un crâne chauve et lisse, de ceux que je n'ai jamais voulu caresser étant née telle, le dard frais et pénétrant dans l'âme, la sucrette printanière, jouant le candide aux yeux vastes tout en sachant très bien qu'il faudra pardonner cet élan de cynisme qui relègue mon romantisme culturel au rang de précieuses chinoiseries. L'instinct de survie aura eu raison de nous ou des naufrages, verbe, musique, et ce n'est peut-être pas un tort. Laisse-moi trafiquer ce qui tremble, l'orner d'infâmes délicatesses telles que celle qui consiste à chausser des lunettes imaginaires pour par exemple sagement s'instruire en se disant que bah, c'est l'essentiel et que le reste est superfétatoire - n'ayant pas même le moindre espoir d'absolution de celui qui, par exemple, humant la netteté de l'iode les pieds crochés sur la falaise, déciderait qu'à mourir pour mourir il écrirait ce roman d'Huguenin, ni non plus avec la nuque excusable de celui qui, fort d'observer le monde, choisirait de lui dire adieu avant l'embrasement qui s'annonce puisque jusqu'à présent les millénaristes ont eu tort -, ou alors en patinant la cheville moulue sur un parquet censé faire chavirer les filles de cheville, de pompes, de cire, de lattes et tresser pour des sexes inconnus ces toiles arachnéennes où luit faible lueur un reliquat d'enfance au sourire scélérat.
    Laisse-moi t'oublier pour un temps chaque fois qu'on étreint nos silences en braille. Et t'endors pas sur le canapé ce soir.


    - Aimons les généreux, les vaillants, les boiteux, les bouseux, les taiseux, les pas-dedans ! Crachons malpoliment sur l'injonction à jouir et l'idée du bonheur.
    - Rions et pleurottons en chœur.
    - Je n'ai pourtant pas le goût du malheur.

    - Tant que rien ne bouge vraiment, il n'est pas en danger de mort. Mais si un jour sa petite voix insistante prenait de l'ampleur, cette voix qui ne réclame que justice, dignité, ces idées laminées dans l'époque et que l'on croit retrouver, par le jeu d'une contemplation active, juste réveillé, encore engourdi par la nuit et surpris par la clarté hésitante du ciel malgré la pluie, sur les marchés aux puces au milieu d'achats généraux. Ces histoires qu'on s'invente à n'en plus finir, l'œil fétichiste, goûtant des vies secrètes imaginaires qui officient en douceur, sacrements solitaires, caresses fictives sur une peau tendue sur terre, lèvres ouvertes sur le vide. Tu sais, quand les brocanteurs rachètent toute une vie tandis que ses enfants harassés ont décidé de laisser mourir la vieille dans la maison de retraite sans la prévenir. Sous les amas de verre, de porcelaine, de ferraille et de bois dort cet amour d'antan dont le souvenir s'éteint, usure de l'encre et ces graphes devenus illisibles, fébriles comme la main qui les écrivit, soigneusement exilé dans un double-tiroir, adjugé et payé en liquide avec le guéridon, la commode, les assiettes de l'arrière-tante, les albums familiaux et la bague de fiancée. Il sait ce qu'il risque. Je l'aime parce qu'il n'éprouve aucune colère, pourtant.
    - Les fesses au chaud, nous sommes ainsi les indignes descendants de Toumaï et de Lucie.
    - J'ai mal aux alvéoles. Mal à la peau.

    2 commentaires
  • - Alors tu es allée au bout du monde pour me rapporter ce bateau ?
    - Oui.
    - Et où est le bout du monde ?
    - Pas loin. Ce bateau a traversé les océans et il a connu des tempêtes, mais regarde, en dehors des cordages qu'il faudra réparer un peu, en principe il navigue.
    - Un bateau, ça coule toujours.
    - Regarde, il a une quille. C'est ce qui lui permet de tenir en équilibre. Il a des voiles. Avec le vent, c'est ce qui lui permet d'avancer.
    - Un bateau, ça coule.
    - Un bateau, ça navigue.
    - Alors je pourrai le faire aller au parc ?
    - Oui. Essaie demain dans ton bain et s'il y a le moindre problème, dis-le moi.
    - D'accord.
    - Oui. Parce qu'un problème, ça se règle.
    - Je ne veux pas aller te voir avec les grands.
    - Alors ce sera entre quatre yeux.
    - Lis-moi une histoire.
    - Il est tard pour lire une histoire à un enfant de cinq ans.
    - Non, j'ai six ans.
    - Tu es né en 2002.
    - Oui.
    - Alors je viendrai demain soir à une heure où il est possible de lire une histoire à un petit garçon de six ans. Ta maman me dira quelle heure c'est.
    - Tu m'as dit comment rêver comme je veux mais aussi il y a des mauvaises choses.
    - Quelles mauvaises choses.
    - Les grands.
    - ...
    - Mon bateau, son nom c'est Maxime Bateau.
    - Tope-là, Maxime.

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