Grand jour que ce jour qui aura vu la République, par un arrêt du Conseil d'Etat et au nom du principe d'égalité entre hommes et femmes qui est l'un des siens,
reconnaître la burqa pour ce qu'elle est : la manifestation d'une oppression exercée à l'encontre des femmes et véhiculée par l'islam politique, et non un simple symbole de foi.
Une manière de renouveler ce beau geste d'amour qu'Habib Bourguiba avait eu le 13 aout 1966 à Tunis en dévoilant doucement une femme avant de l'embrasser fraternellement, signifiant sans qu'un seul mot soit nécessaire qu'aucune raison en dignité ne saurait jamais ni nulle part exiger des femmes qu'elles fassent acte de contrition en niant leur corps et leur liberté de mouvement, que ce soit devant Allah ou devant des hommes censés n'être que des brutes face à leur corps et ses courbes célestes et démoniaques. Des brutes fondées à les violer, les assassiner si elles dérogent à la règle.
Geste de reconnaissance, geste de libération, réaffirmation de principe. Un grand courage, d'autant plus grand que les pressions islamiques sur les droits de l'homme se précisent dangereusement en ce moment même à l'ONU.
Il reste à espérer qu'un recours dont j'ignore s'il est possible à la Commission européenne des droits de l'homme ne donne gain de cause à la plaignante et que ce bras d'honneur magnifique de la République une, laïque et indivisible au fondamentalisme religieux ne devienne par le fait le dernier soubresaut d'idéaux massacrés au nom de la tolérance.
Aux compatissants qui voudraient s'élever contre cette décision je répondrai rapidement qu'ils semblent en ignorer tout à la fois l'enjeu et le sens. Et je leur poserai cette question :
Seules les princesses saoudiennes ou qatari auraient-elles le droit, posant le pied sur le sol de France, de troquer leur abaya contre un jean ou un tailleur ?
Même si le compte-rendu qui en a été fait sur France Info m'a, encore, atterré. Le journaliste, en guise de chute dont il a du s'enorgueillir, sous-entendait que "le principe d'égalité des sexes" avancé par le Conseil d'Etat n'était qu'un prétexte, une manoeuvre pour "voiler"la raison profonde de ce refus de nationalité. Non, c'est bien "la pratique radicale" de l'Islam par cette femme qui était en cause! Le Diable, oyez braves citoyens, c'est la République! Un jour, à force de répéter ces inepties en boucle sur les ondes et les chaînes influentes, le fait sera admis. Mais alors, comment les journalistes français justifieront, après la burqa, l'excision des femmes en France? Au nom, aussi,du respect des religions? Et d'une certaine vision, dévoyée, de la laïcité?