• Bref, je me console de mes vagabondages désolants en Conspirationie Majeure en lisant l'excellent site PHDN (Pratique de l'histoire et dévoiements négationnistes) consacré, comme son nom l'indique, aux théories négationnistes, leurs promoteurs et arguments, la perversité de leur méthode.

    Vous avez aimé le 11/9, les petits gris, la NASA à Hollywood et Elvis au Presley ? Vous allez adorer apprendre que le débarquement en Normandie n'a jamais eu lieu. Un texte truculent de Faubert Robinson.


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  • Tu as raison encore une fois. Ces débats autour de la burqa, à envahir le Net nous blessent. Ce titre, facile comme un slogan plagié, rythmé et mnémotechnique, ne signifie pas que je craigne de me la voir imposée par des hordes de marchands de grilles s'abattant tels de barbus criquets sur nos champs et nos villes.
    Il exprime plus probablement une forme de lassitude. Intégrale. Irréversible, peut-être.

    Comme tu le sais, depuis de longs mois (depuis l'affaire dite Truchelut) je considérais Riposte Laïque comme une feuille de militants exaspérés, écrivant aux nerfs, prompts à l'exclamation hystérique, hystériquement scandalisés, signant des alliances douteuses, des textes dignes des pamphlets antisémites du XIXe siècle, très éloignés d'une quelconque préoccupation laïque ou féministe.

    Je n'ai pas changé d'avis, mais une rupture a eu lieu récemment qui me donne hélas plus encore à penser. Mohamed Sifaoui a publié une lettre ouverte extrêmement claire dans laquelle il se désolidarise totalement de ce site, une lettre sinon émouvante du moins de nature, c'est à espérer, à interroger ceux auxquels il l'adresse (Pierre Cassen, Pascal Hilout). Il rappelle qui il est : musulman et laïc, combattant les radicaux. On le déteste parce qu'il convoque un islam non littéraliste, un Coran non révélé qu'abhorrent tout à la fois les salafistes, les wahhabites, et des cercles identitaires persuadés que tout musulman porte en lui le virus du djihadiste.

    Dans Prochoix, Caroline Brancher pointe, à raison, les insupportables discours tenus sur les musulmans, leur foi et la pratique de leur culte en France. Son acte d'accusation est étayé de nombreux extraits tristement édifiants et qu'il est impossible de défendre en évoquant, par exemple, le contexte. Raison pour laquelle elle considérerait salutaire une plainte du MRAP à leur encontre.

    Un cinéaste algérien, cependant, a assez longuement exprimé dans leurs colonnes un point de vue intéressant. (J'ai essuyé une deuxième averse et la pluie a dû me délester de quelques neurones, je ne le retrouve pas plus que si je l'avais rêvé et, bien sûr, je n'ai pas noté son nom.) Un point de vue complexe, nuancé, et pourtant ferme dans ses principes laïcs. Désireux, probablement, de ne pas accuser les lecteurs de Riposte Laïque, ni même sans doute ses rédacteurs. Ou le chagrin m'amène à le penser.

    Identitaires versus salafistes. Un débat tronqué au sein duquel le monde laïc tire à boulets rouges sur le monde laïc, les uns désignant les autres comme des nationalistes xénophobes, et les autres les uns comme des lâches renonçant aux valeurs républicaines et courtisant le communautarisme. Ce débat tronqué, en exaspération sur Internet, existe en dehors de ce monde. Il se poursuit même quand je l'oublie dans les rues colorées de Paris.

     


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  • Théodore Géricault - Le Radeau de la Méduse.


     


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  • Rien ne me destinait à endosser un jour, du moins symboliquement, l'habit de l'avocat. Appelée à la barre, appelée à la cause, la mienne en l'occurrence en ce lieu, petite chose fluette objet d'échanges procéduriers entre un grand groupe et une poignée d'institutions. "Nous vous poserons deux-trois questions, venez avec votre avocat." Je me voyais déjà dans les rangs, assise, éperdue de reconnaissance, assister à la plaidoirie du siècle, de mon siècle à l'aune de mes petits ennuis. Deux-trois questions auxquelles mon avocat allait s'empresser de répondre en invoquant en un geste ardent vers le ciel incommensurable au-delà du toit du tribunal les manquements à la règle, le travail dissimulé, le licenciement abusif.

    Ma bourse en ayant décidé autrement, j'y suis allée seule mais approximativement vaillante. Ecouter les représentants des institutions. Le premier arguant du fait qu'il en avait été question à l'Assemblée. Fichtre. On ne m'en avait rien dit. Et que j'aurais dû être, etc. Pourquoi ne m'étais-je pas munie de mon enregistreur. Enfin. Mon quart d'heure de gloire aurait sonné sans que je ne l'immortalisasse. C'est ce qui s'appelle un raté. Le deuxième, de tempérament plus flasque, signifiant que son institution à lui se rendrait à la décision finale du tribunal. Sacré deuxième. Il m'avait pourtant fallu batailler pendant plus de deux ans, fournir un dossier de plus de mille pages, m'entretenir plusieurs fois plusieurs heures avec un inspecteur pour que sa hiérarchie consente à mener une enquête. Dont le résultat fut une faveur pour mon chagrin d'ahainepéiste. Les deux derniers constatant que de fait, je n'avais, merci-au-revoir, rien à faire chez eux étant donné la logique imparable du premier.

    Lorsque le défenseur de la partie adverse prit la parole, à l'état de béatitude indifférente dans lequel je me trouvais, assistant de manière abstraite à l'énonciation de comptes rendus dont je connaissais le détail des tenants, et pour cause, succéda une rage, mes aïeux, une rage silencieuse et muette comme un missile de drone. Mes organes internes tambourinaient contre le moindre bout d'os à leur portée. Je ne tremblais pas visiblement, pourtant. Immobile. Subjuguée.

    J'ai sorti le calepin qui ne quitte pas mon sac, un stylo à bille - rha, où est mon feutre -, et enquillé ses arguments comme autant de coups d'assommoir. Si je devais répondre à deux questions, autant le faire précisément.

    Bref on m'avait finalement oubliée lorsque je fis signe aux assesseurs - j'avais tout de même prévenu le greffier. La juge leva un sourcil : "Mademoiselle ?" "Je suis celle-ci." Toujours est-il qu'après 45 minutes de discours ininterrompu, je suis sortie les jambes flageolantes fumer une cigarette sur la première terrasse. 45 minutes de grâce durant lesquelles j'ai, et j'ignore par quel miracle, captivé l'attention sans faillir, me retournant de temps à autre avec le bras de la largesse et de la compassion vers l'avocat de la partie adverse que je voyais à mesure enfoncer son séant sur le banc et ne plus oser lever les yeux, l'air contrit. Mais Maître, allons, ne me dites pas que vous pensiez vraiment que la partie adverse en ma personne incarnée était analphabète, une pauvre fille paumée, incompétente, inculte et incapable, ainsi qu'on vous l'avait décrite ? Rha, je n'ai pas pu m'en empêcher. La manière dont cet ex-employeur avait choisi de me qualifier avait réveillé en moi le peu de confiance en soi-même dont je dispose. Un brin de fierté. J'ai usé d'ironie et de sarcasme mais avec un visage angélique et une voix sensuelle et posée, me fendant par instants du sourire du cow-boy, ma vieille spécialité, lever un seul des deux muscles qui tirent la lèvre vers la joue. Ce profil sourit tandis que l'autre demeure grave. On a passé des heures à pouffer avec ça à l'internat et au réfectoire. L'avocat était donc le seul à voir que je souriais. A dire vrai je ne sais pas ce qui me faisait sourire si ce n'est la conjonction d'absurde mêlée de colères, de dégoût, de fatigue, de morts et de renaissances que cette histoire m'inspire.

    Théâtre.

    Cette petite prestation a donc corroboré un premier jugement en ma faveur. Certes je vais devoir recommencer l'an prochain à la même époque en appel. Pour la Cause. Pour la Cause et elle seule. "Vous vous êtes très bien défendue toute seule une fois, me dit le Syndicat, vous pouvez recommencer." Mais bien sûr, c'est devenu un hobbie. "N'oubliez pas de nous envoyer le jugement, vous savez qu'il servira à quelques milliers de personnes." "J'en suis fort aise, sincèrement. C'est bien ce que j'escomptais, j'aurais juste apprécié que l'on me soutenasse un peu." Que l'on me pardonne cet excès de psychologisme.

    Pour ce qui concerne mes finances, c'est un autre sujet. Mon avocat m'annonce que pour les Prudhommes, cette fois, cette Arlésienne que j'attends depuis près de quatre ans, il a transmis le dossier à une consœur, dont je n'ai pu savoir le nom mais qui a toutes les compétences. "Or je n'ai absolument aucun document, dit-il après m'avoir assuré qu'il a passé un temps fou sur l'affaire, en dehors des pointages et comptages, classements et précisions que vous aviez effectués la dernière fois à ma demande." "Cherchez bien. Trois classeurs d'environ 2 kilos chacun, avec des chemises et des sous-chemises dedans, des copies signées, non signées, des plannings complets, du jour après jour. Ça devrait vous rappeler quelque chose ? Sauf à ce qu'ils moisissent dans une cave, vous les retrouverez. Dans le cas contraire, je retournerai chez les institutions qui disposent du double et du triple. Je rephotocopierai mille pages ou deux mille, je ne sais plus. J'en ai pris l'habitude, vous savez. J'avais un pris un abonnement à l'époque."

    Peut-être même, si vous me laissez m'anesthésier pendant quelques longs mois encore, peut-être même que je donnerai une représentation supplémentaire pour les Prudhommes. Après deux répétitions générales, je serai éventuellement rodée.

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  • "Ça va mal. Je me sens dur, dur et sec, sinistrement.

    Je ne mérite que le silence."


    Cette note volée au Journal de Jean-René Huguenin en guise d'information à peine pratique. Je n'ai plus le goût à confier à ces pages quoi que ce soit. Deux ans d'existence, c'est assez. Deux ans de découvertes, d'échanges parfois, de bonheurs littéraires au détour de lectures, de belles amitiés devenues réelles, de tentatives d'organiser quelques pensées entre trois emplois et deux temps de chômage. Passerelle bigarrée, excroissance d'une vitalité optimiste ou sanctuaire secret propulsé dans une nuit publique. Ajouter du bruit au bruit quand j'aime tant le silence, fenêtre ouverte sous les étoiles. J'ai perdu le sens de ce qui faisait d'une richesse supposée, une joie. Et la tristesse, c'est pas mon truc. Je m'en retourne à ma vieille empathie solitaire. Oui, on s'attache mystérieusement à ces pages numériques que l'on apprécie de voir se construire et à ceux qui les créent quelquefois. Comme on s'attache à ses voisins ou aux habitués des cafés. Je me réjouis au fond de partir, pour un temps indéterminé. Certaines portes que l'on ferme rendent son souffle au voyage.

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