• Frédéric Mitterrand - A quand l'autodafé

    Certes, le ministre de la Culture, empressé à défendre Roman Polanski, eût été mieux inspiré de réfléchir à la position qu'il entendait adopter. Non seulement parce que le sujet sensible des crimes pédophiles attise des réactions aussi épidermiques que compréhensibles, mais aussi parce que les Etats-Unis, ou plutôt l'Etat de Californie, et précisément le procureur requérant, exercent, en demandant à la Suisse d'extrader le cinéaste afin qu'il comparaisse devant leur juridiction, leur droit le plus strict. Sans pour autant présenter ce visage hideux évoqué par Frédéric Mitterrand d'une Amérique capable du meilleur comme du pire.

    Aujourd'hui, après Marine Le Pen, le socialiste Benoît Hamon - sans, quant à lui, exiger le limogeage du ministre - condamne le romancier pour sa Mauvaise vie, dans laquelle, on le constate tristement en lisant les forums internet, il aurait en quelque sorte vanté les mérites du tourisme sexuel, voire encouragerait la pédophilie. Et un article de L'Express met le feu aux poudres sur le site où tout aurait commencé, Agoravox.

    Il est quand même utile de rappeler qu'un écrivain jusqu'à nouvel ordre est en droit de glisser les plis de sa plume dans les recoins les plus sombres de son âme, et de notre humanité. Rappeler, de manière plus prosaïque, qu'à aucun moment Frédéric Mitterrand, pas encore ministre à l'époque (2005), donc, pour les républicains purificateurs, pas encore tenu de n'avoir jamais écrit pour être digne d'exercer cette fonction - écrire est-il criminel ? quand bien même un écrit relate l'amour tarifé ; et que sait-on de ceux qui, du député lambda au vociférateur gamma, invoquent la morale due à la fonction, voire la Morale en soi ? que celui qui n'a jamais payé pour un fantasme lui jette la pierre - qu'à aucun moment, donc, l'écrivain n'évoque de quelconques relations sexuelles avec des mineurs. Il parle, certes, de "garçons". Comme tous mes copains pédérastes. "Garçon", pour tout homme jeune de moins de trente ans. Et le pauvre homme de faire l'exégèse de son dictionnaire personnel, acculé à l'explication, "garçon" ça ne veut pas dire "mineur". "Relations sexuelles tarifées" ça ne veut pas dire "pédophilie".

    Sans doute, en Asie comme en Afrique, en Arabie comme au Maghreb, en Europe comme aux Etats-Unis, la prostitution est le choix monstrueux de la survie au prix du corps bafoué, vendu à l'étal, ce "marché aux esclaves" dont l'écrivain avoue qu'il le fascine dégueulassement. Mais sordide en âme aussi, quand pour le prostitué autant que sa clientèle l'érotisme chante la disparition dans cet abîme de moiteur morbide et son corollaire l'extase de vie, brutale, amorale, bestiale ou doucereusement épouvantable que l'on a pu lire chez Gide, Genet, Duras... Baiser est une brûlure et n'a jamais été synonyme du très catholique "faire l'amour".

    Alors oui, l'écrivain Mitterrand a livré ses confessions un jour dans une biographie évidemment tout intérieure. Les biographes officiels feront le reste.

    En outre, ces politiques qui aujourd'hui s'insurgent, suivis par des rangs d'internautes préoccupés par des impunités juridiques en République, et ces mêmes internautes avec eux, ne les a-t-on lus et entendus, pendant l'affaire Levinski, railler le puritanisme américain...

    "De tels livres ne devraient même pas être publiés", ai-je entendu, "il y aurait moins d'horreurs dans ce monde". Alors, chers compatriotes, prenons nos responsabilités. Brûlons les œuvres faites d'autre chose que de bons sentiments, brûlons les écrits qui ne sont pas édifiants pour la morale, rendons à l'Enfer de la Bibliothèque nationale tout ce qui n'aurait jamais dû réchapper. La littérature est dangereuse : elle en rendrait certains pédophiles.

    Ce pourquoi sans doute, dans le même temps, un éditeur allemand refuse de publier son auteur parce que celle-ci a décidé de ne point se montrer précautionneuse. De mal parler. Du Coran. Sait-on jamais, ça pourrait rendre islamophobe.


  • Commentaires

    1
    Jeudi 8 Octobre 2009 à 20:28
    pertinance
    je suis bien d'accord avec vous chère camarade.
    2
    Fred metterang
    Samedi 10 Octobre 2009 à 21:14
    Le fait est..
    que dans ce gouvernement, nous aurions sérieusement besoin de personnes exemplaires, aujourd'hui nous n'avons que des potes-à-dictateurs, des abus de pouvoirs, des fascistes, des adeptes de la prostitution, etc..On s'en fiche pas finalement qu'il se tape des jeunes étudiants thaï le Beauf, à l'heure meme ou l'on veut condamner sur notre territoire les 'clients-à-putes', y' a des trucs que je pige pas. Si ce n'est que Sarko-le-fin-statège l'ai choisi pour ramasser un electorat pseudo-progressiste; vivement une ministre de la santé qui aurait euthanasier sa mère, ou un ministre du travail qui aurait chier dans le casque de l'architecte...
    3
    Mercredi 14 Octobre 2009 à 18:45
    beuark
    Gros Bisous Cosmic !!! "Aujourd'hui nous n'avons que des potes-à-dictateurs". Exemple : Kouchner, qui a viré Rama Yade (elle qui vaut mille fois plus que lui) pour cause que les droits de l'homme faisaient de l'ombre à son business ministériel ... Ce grand romantique de mes deux a, par exemple, participé à (au moins) une Zafra (coupe de la canne) à Cuba, en solidarité avec l'abominable Fidel, maestro de Cuba et maître des coups bas. Pour le cas de Mlle Mitterrand je n'apprécie jamais le "lynchage" mais il faut admettre que cette individue a tendance à l'attirer. Y'a quelque chose de répugnant, au physique comme au mental.
    4
    Vendredi 16 Octobre 2009 à 21:27
    Bon ben
    Merci pour ces commentaires. Ne suis pas vraiment, hélas, d'humeur à y répondre.
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