• Sir Arthur Rackham.


    "Nous avons tous deux vies
    La vraie, qui est celle que nous avons rêvée dans notre enfance,
    Et que nous continuons à rêver, adultes, sur un fond de brouillard.
    La fausse qui est celle que nous vivons dans notre rapport avec les autres,
    Celle qui est pratique et utile,
    Celle où nous finissons dans un cercueil.
    Dans l'autre, il n'y a ni cercueil ni morts.
    Il n'y a que les images de l'enfance :
    De grands albums coloriés à regarder plutôt qu'à lire,
    De grandes pages en couleur que l'on se rappelle plus tard."

    Fernando Pessoa.

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  • Avant de dormir, avant juin.
    Rêver de disposer de la culture et du temps d'un Stalker pour défendre La Possibilité d'une île. Non, ce n'est pas une écriture blanche, mal en prît à Nauleau. Et d'ailleurs, je préfère Jourde. Merci, Houellebecq.

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  • - Comment se fait-il que l'humanité courre ainsi à sa perte sans réagir que localement, individuellement, au mieux.
    - On est foutus.
    - Manifestement.
    - Personne, même dans les pays les plus riches, ne vivra jamais comme avant.
    - Sans doute quelques privilégiés, un temps. Une réalité qui ne semble pas encore affecter vraiment nos territoires. La politique hexagonale cela dit va dans le sens du désastre.
    - En privilégiant le modèle économique à l'origine des déséquilibres globaux, c'est certain. Mais c'est pas une raison pour ne pas aller manifester demain.
    - Economique, politique et moral. Mea culpa, je déteste crier, j'aime pas les slogans et je suis agoraphobe, mais il se peut que je fasse un effort pour le comptage.
    - Ça te prend souvent ?
    - Quoi ?
    - De penser au chaos mondial qui s'annonce.
    - Il ne s'annonce pas, il s'étend, accélère. Oui, sans doute j'y pense constamment.
    - Autant se tirer une balle.
    - Non, plutôt relire certains romans.
    - Tu n'es pas très aimable.
    - Ai-je prétendu le contraire.

    Il m'est devenu impossible de croiser le regard d'un enfant ou d'un adolescent sans éprouver un chagrin coupable. Impossible de me réjouir d'une naissance ou de la simple idée de donner vie qui rend baudruches les jeunes amants. Je ne veux qu'embrasser les fronts diaphanes de ceux que j'aime où dorment autant de ruses, de rêves et d'appétits que de tourmentes, protégés de la faim, des maladies et des bombes.

    Oui oui, j'ai bien conscience de l'extrême platitude d'un tel constat qui aurait pu s'apparenter à un "cultivons notre jardin" avant que n'ait été adoptée la loi sur les cultures gm dont on m'a appris aujourd'hui que des paysans russes (?) auraient abandonné les leurs après les avoir testées pour nous. (On pourra toujours objecter que la patrie du tsar, de Staline et de Poutine n'a aucune leçon à donner.) Qui pourrait aussi s'apparenter à un "chacun chez soi à s'occuper des siens, c'est déjà bien", voire à un "je travaille à m'aimer pour mieux aimer autrui ensuite, ça occupe déjà mes journées".

    La question qui se pose donc est la suivante : cette dichotomie extrême entre la réalité du monde tel qu'il s'éteint (car rassurons-nous, notre espèce en entraîne tant d'autres dans sa perte qu'on ne s'accusera pas d'égoïsme) et la légèreté charmante des saisons jolies, des marches du Festival, conjuguée à ces petits bonheurs quotidiens tels qu'un vol d'hirondelles - une vieille chanson ? -, un voisin serviable, une bonne bouteille et autres plaisirs terrestres ("on n'a qu'une vie et il nous a été donné d'en choyer la qualité") conduit-elle nécessairement à 1) Perdre tout sens de l'humour ? 2) Devenir gauchiste ? 3) Se vautrer dans la débâcle sexuelle ? 4) Réciter des mantras ? 5) Parler ? 6) Se taire ?

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  • J'ai reçu la vie comme une blessure,

    et j'ai défendu au suicide de guérir la cicatrice.



    Isidore Ducasse, dit Comte de Lautréamont.


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  • Pour ceux qui douteraient encore de ce qu'est le Hezbollah, cette mise au point de WIL.

    Essayons d'ouvrir les yeux. Nous sommes face à un conflit où les forces en présence se définissent non pas par leur programme politique (quoique...), mais par leur appartenance à un clan, leur croyance dans un rite, leur allégeance à un chef de guerre. Comment analyser, avec des repères occidentaux ou "développés", la situation libanaise ? Quand j'évoque la ressemblance entre Nasrallah et Hitler, entre le hezb et les SS, Amal et les SA, 14 mars et le KPD (non, ça c'est pas bon), je me fais critiquer au prétexte qu'on en est limite au point Godwin. Pourtant, l'histoire a l'air de se répéter, mais le présent est trop confus à nos yeux pour qu'on puisse en tirer une quelconque sagesse, d'où la nécessité d'utiliser des repères du passé. Bon, 1 point Godwin quand même. Donnez-le à qui vous voulez.

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    Qui veut quoi au Liban ? Chacun veut le pouvoir, on l'a compris. Mais pour quoi faire ? Le seul à n'avoir jamais menti sur ses intentions une fois qu'il serait installé reste le hezb qui n'a jamais caché qu'il verrait d'un bon œil, à condition que tous les Libanais en soient d'accord, l'instauration d'une république islamiste chiite. Mais Aoun, Geagea, Hariri et consorts ? Quel Liban souhaitent-ils pour l'avenir ? Imaginons que nous sortions de cette crise avec un gouvernement de consensus ou de nouvelles élections qui, ô surprise, donneraient un nombre de députés tel aux forces de l'opposition qu'elles deviendraient la majorité. Que se passera-t-il ? Les Libanais vont-ils accepter de payer, horreur, des impôts ? De s'accorder sur la nécessité d'obtenir des transports en commun et des espaces verts multiconfessionnels ? Vont-ils s'apercevoir de la nécessité d'un service public fort, ossature d'une société civile diverse mais unie ? On peut en douter, et quand je vois les combats entre miliciens au Liban, ce qui m'inquiète le plus, c'est l'après, quand les canons ne tonneront plus et qu'il faudra reconstruire ensemble ce qui n'a jamais existé.

    Au Liban, on présente souvent son identité avant d'exprimer son opinion : Moi je suis chrétien MAIS je comprends le hezb, ou moi, je suis chiite, MAIS je ne soutiens pas Aoun. Tout est basé sur l'appartenance géographique et communautaire. Mais tout se fonde aussi sur la crise en ce sens que l'appartenance clanique est définie par le rejet de l'autre : le sioniste, le chrétien, le musulman, l'occidental, l'étranger, etc. Ce n'est pas propre au Liban, mais c'est un pays qui exacerbe cette micro-appartenance devant les nombreuses différences que chacun va se trouver avec l'autre. Les combats prendront fin, éventuellement. Mais sur les ruines, quel drapeau brandir ? Le plus simple serait de laisser le hezb triompher : son étendard clame, ce qui est plutôt pratique, que dieu est avec eux. Comme les nazis autrefois qui arboraient un fier "Gott mit Uns". Et voilà, un 2ème point Godwin.


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